«Intolérables» et «exagérément indésirables», tel est le constat fait par les Algériens, après la diffusion, le 5 juillet dernier, d'une scène montrant une femme qui s'agenouille devant son mari pour embrasser ses pieds, afin de «l'honorer» et lui témoigner son «respect et amour devant 40 millions de téléspectateurs!». Cette scène diffusée lors d'une émission sur une chaîne de télévision privée, a soulevé un tollé de réactions sur la Toile. Même «son de cloche» chez le régulateur de l'audiovisuel, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) qui vient d'adresser «un énième avertissement» aux chaînes Echourouk TV et Ennahar TV suite à la diffusion de programmes qui portent atteinte à la dignité de la femme. L'Arav a, en effet, dans un communiqué fraîchement rendu public «protesté» contre la diffusion par la chaîne Echourouk dans son émission Khat El Ahmar (Ligne rouge) des images montrant une femme qui se prosterne pour embrasser les pieds de son mari devant des centaines de téléspectateurs. Pour L'Arav ce genre de scène «ne devrait plus être diffusée publiquement sur les télévisions, car cela rabaisse et dénigre la femme et montre la suprématie de l'homme dans la société». De ce fait, le régulateur de l'audiovisuel a exigé de la chaîne de télévision de «supprimer» ce genre d'image «avant sa diffusion,» vu qu'«elle revêt un caractère intime entre les époux et ne devrait pas être diffusée». Autre affaire ayant suscité «l'ire» de l'Arav, est la diffusion d'un épisode montrant la fuite d'une épouse du domicile conjugal, après avoir été victime de torture et de pression psychologique de la part de son époux. L'Arav a, en effet, critiqué la chaîne Ennahar TV, qui a diffusé cet épisode, dans le cadre de son programme Ma waraa el djodrane (derrière les murs).» Le mari a «dans l'espoir de la faire revenir au foyer conjugal, essayé de profiter de la religion pour atteindre ses objectifs», souligne l'Arav qui a critiqué les séquences montrant que «l'épouse s'est retrouvée ensuite confrontée à la pression de l'imam, de l'avocat et de l'animatrice de l'émission, et contrainte de céder à la volonté de son époux, sans prendre en compte sa souffrance et celle de ses enfants durant 19 ans de mariage». Face à ce «dépassement,» l'Arav a critiqué la chaîne, en affirmant que «le traitement de ces cas requiert des psychologues et la consultation des ser-vices sociaux, en sus d'une expérience professionnelle avérée des animateurs, pour ne pas se laisser entraîner par la quête de la célébrité et la réalisation d'une audience élevée, au détriment de la dignité humaine». L'Instance après avoir souligné que «face aux multiples problèmes de l'audiovisuel, il est possible qu'elle n'arrive pas à traiter ces derniers temps», a exprimé «sa détermination à mettre de l'ordre et à réguler le domaine audiovisuel, grâce aux moyens matériels et moraux dont elle dispose jusqu'à l'actualisation des lois relatives à l'audiovisuel et la finalisation de la composition de l'Arav».