Des assurances officielles cachent très mal les divergences rédhibitoires. Il a défendu son bilan, en se présentant comme l'initiateur du projet de réforme de la Ligue arabe. «La proposition algérienne portant sur l'alternance aux postes de responsabilité à la Ligue arabe ne vise ni l´Egypte, ni la diplomatie égyptienne et encore moins ma personne», a déclaré jeudi, le secrétaire général de la Ligue arabe, M.Amr Moussa. Une sortie qui intervient à quelques jours du sommet de Khartoum qui aura lieu les 28 et 29 mars. Amr Moussa a classé la démarche algérienne, exprimée lors du dernier sommet d'Alger, dans le cadre «du plan de réforme de la Ligue». Ce dernier a même laissé entendre qu'il bénéficierait du soutien des officiels algériens, y compris de celui du ministre des Affaires étrangères algérien et de M.Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président. «L'Algérie ne compte pas présenter un candidat au poste de secrétaire général de la Ligue », a-t-il affirmé, écartant par là même la thèse du retrait de son poste. Officiellement donc la polémique n'a pas lieu d'être. Ce qui est loin d'être l'avis de la presse égyptienne qui tend à réduire la proposition de l'alternance à une guerre de leadership menée par l'Algérie dans l'objectif de discréditer le pays des Pharaons. Le journal El Djamahiria a même donné le nom de M. Abdelaziz Belkhadem dans la liste des personnalités pressenties à la tête de la Ligue arabe. Pour rappel, la question de l'alternance a ressurgi lors du sommet d'Alger en mars 2005. M.Belkhadem, alors à la tête du ministère des Affaires étrangères, a évoqué l'opportunité d'aller vers la démocratisation de cette institution. L´Algérie avait soumis plusieurs recommandations portant sur le système de vote et les institutions devant superviser l´action arabe commune, tels le Conseil de sécurité arabe, la Cour arabe de justice et le Parlement arabe, ainsi que la mise à contribution de la société civile afin de réduire le nombre d´institutions et organismes grevant le budget de la Ligue sans aucun apport. «Il y a accord entre les propositions algériennes et égyptiennes à hauteur de 95%», avait souligné M.Belkhadem. Mais ces assurances officielles cachent très mal les divergences rédhibitoires entre les membres de cette entité arabe. Personne ne peut ignorer les grandes difficultés auxquelles fait face le diplomate égyptien. Au côté de M.Belkhadem, plusieurs noms de candidats circulent dans les coulisses de la Ligue, citant le ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis M.Rached Abdallah, lequel s'est rendu récemment à Alger pour une visite officielle. Le prince jordanien Hossein Ibn Tallal a, de son côté, de fortes chances de briguer ce mandat. Jeudi, M.Amr Moussa a brossé un tableau des réalisations de la Ligue, mettant en exergue la mise en place du Parlement arabe composé de 88 membres, l'ouverture du conseil économique et social à la société civile et la relance de la zone de libre-échange arabe. Le prochain pari de Amr Moussa sera de convaincre les pays membres à ratifier la Charte arabe des droits de l'homme.