C'est un fait que les Algérois ont désappris à vivre ensemble. Si les secteurs de l'eau, des transports et des travaux publics ont été privilégiés dans le protocole d'accord signé entre les maires de Lyon et le wali de Sétif, c'est surtout la lumière qui aura été au centre des discussions à Alger. On sait tous que Lyon abrite annuellement la fête de la lumière. Ce n'est donc que justice que les responsables algérois tirent profit de la présence des spécialistes rhônes-alpins pour rappeler à bon escient qu'Alger la Blanche est aussi la ville lumière, mais que l'éclairage public y est déplorable. D'où l'appel lancé par le wali d'alger, M.Kebir Addou, à ses hôtes pour les inviter à participer aussi bien à l'éclairage des principaux édifices et places publiques d'Alger qu'à l'organisation de la vie dans cette antique cité qu'est La Casbah, bijou d'architecture par excellence. C'est tout l'espace public qui est mis au-devant de la scène: comment redonner vie à l'animation dans La Casbah? Comment retrouver le souffle d'antan? Comment relancer les rues commerçantes organisées par spécialité: la dinanderie, le commerce du cuir et de la maroquinerie, le travail de l'or et de l'argent, la rue des parfums et des arômes, et ainsi de suite. Alger ville-lumière, oui, mais aussi cité méditerranéenne grouillante, animée, une cité où il fait bon vivre. C'est un fait que les habitants d'Alger ont désappris à vivre ensemble. Au fil des décennies, l'individualisme a pris le dessus, La Casbah est en ruine, tombée dans l'oubli. Les rares touristes qui débarquent au port d'Alger n'ont pas le réflexe d'aller y faire une virée. Manque d'attraction. L'artisanat est mort. La convivialité a déserté les lieux.Essayez de trouver un salon de thé, un café «maure»; un restaurant digne de ce nom à La Casbah. Peine perdue. Gérard Colomb qui semble apprécier l'Algérie et ne manque pas l'occasion de rappeler l'excellence des relations entre les deux communautés algérienne et française, liées par des siècles d'histoire et la densité des échanges commerciaux et humains, voudrait faire de sa visite à Alger l'occasion de renouer les fils et lancer un partenariat d'exception entre les deux villes. Et pas seulement dans le domaine de l'eau, des transports ou des travaux publics, créneaux ciblés, mais aussi dans le domaine de la recherche scientifique et des échanges universitaires, puisqu'une importante délégation universitaire fait partie du voyage. C'est la raison pour laquelle M.Colomb a insisté dans son allocution sur la nécessaire participation du mouvement associatif algérois, tant il est vrai que si on laisse aux administrations des projets aussi importants que celui de l'animation de la cité, ils risquent de ne jamais voir le jour.