Le président Michel Aoun a reconnu dimanche la nécessité de changer le système politique au Liban. Quelques heures plus tôt, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait annoncé être prêt à discuter d'un nouveau «pacte politique» dans le pays, où les communautés religieuses se répartissent le pouvoir. Dimanche soir, il s'est engagé à «appeler au dialogue les autorités religieuses et les dirigeants politiques afin d'arriver à une formule acceptable par tous» qui nécessiterait des amendements constitutionnels. Visant à répartir le pouvoir entre les différentes communautés du pays qui en compte 18, ce système est accusé d'être la source de blocages politiques. Dans le même temps, des consultations parlementaires ont eu lieu, hier matin, pour désigner un nouveau Premier ministre, le chef du gouvernement Hassan Diab ayant démissionné le 10 août, sous le coup de l'explosion meurtrière qui avait dévasté des quartiers entiers de Beyrouth. Dimanche soir, les ténors de la communauté sunnite ont annoncé s'être entendus sur le nom de l'ambassadeur du Liban en Allemagne, Moustapha Adib, qui a été effectivement entériné lors de ces consultations. Dans le cadre de ces consultations, les anciens Premiers ministres libanais ont annoncé dans un communiqué dimanche qu'ils s'étaient mis d'accord sur la candidature de l'ambassadeur du Liban en Allemagne depuis 2013, Moustapha Adib, un professeur d'université de 48 ans. Il devait obtenir ensuite l'aval des principaux blocs parlementaires, notamment ceux du parti présidentiel, le Courant patriotique libre, le Hezbollah et le mouvement Amal. Le chef du gouvernement, Hassan Diab, avait démissionné le 10 août, après l'explosion au port de Beyrouth qui avait fait au moins 188 morts et dévasté des quartiers entiers de la ville. Le drame est dû, selon les autorités libanaises, à la présence d'une énorme quantité de nitrate d'ammonium au port de Beyrouth. Les responsables occidentaux qui se succèdent depuis à Beyrouth se sont joints aux appels des Libanais pour un changement politique profond après cette catastrophe dont la classe politique, accusée de négligence et corruption, est rendue responsable. Ainsi, le mouvement de contestation populaire a averti qu'il rejetterait tout nom issu des consultations d'une classe politique dont il demande le départ. Le drame du port, dû à la présence d'une énorme quantité de nitrate d'ammonium au port de Beyrouth au vu et au su des responsables, a alimenté la colère de la population. La catastrophe a fait plus de 6.500 blessés et détruit ou endommagé les domiciles de quelque 300.000 personnes, qui n'ont reçu aucune aide du gouvernement. L'explosion a également mis à genoux le pays qui ployait déjà sous le poids d'une grave crise économique aggravée par la pandémie de coronavirus. Dimanche, l'ONU a averti que plus de la moitié de la population risque de manquer d'alimentation de base d'ici la fin de l'année en raison de l'aggravation de la crise économique et de la destruction des silos de blé au port de Beyrouth. Le Liban a initié des négociations à la mi-mai avec le Fonds monétaire international pour obtenir une aide financière, mais le processus est actuellement au point mort. Dimanche, Talal Salman, un conseiller du ministère des Finances impliqué dans les négociations avec le FMI a indiqué avoir présenté sa démission, emboîtant le pas à deux autres membres de l'équipe de négociateurs.