Les stations balnéaires, les villes et leurs banlieues sont autant de lieux où «le plus vieux métier du monde» s'exerce ces dernières années. La région de Béjaïa est célèbre pour sa beauté, on y vient en nombre admirer sa découpe sauvage, ses collines, le bleu profond de la mer et ses plages accueillantes. Afin de répondre aux exigences des visiteurs, une industrie hôtelière, d'auberges et de restaurants est mise en place. Mais ces visiteurs viennent-ils seulement pour cela? Non ! vous répondra le commun des mortels, qui vous expliquera que le commerce de la chair en est la principale motivation. La prostitution est, en fait, à la base de toute la controverse autour d'un secteur en pleine expansion. Les stations balnéaires, les villes et leurs banlieues sont autant de lieux où «le plus vieux métier du monde» s'exerce ces dernières années. Il faut être cependant connaisseur pour s'apercevoir du manège. Même le jour, cette activité est perceptible. Il suffit pour cela d'observer attentivement le mouvement dans certains endroits devenus célèbres. Mais c'est à la tombée de la nuit que le paysage prend une autre allure. Les enseignes des restaurants, bars, hôtels, discothèques et autres cabarets vous indiquent le chemin à suivre. Il vous suffit de pénétrer à l'intérieur des différents établissements pour comprendre que la plupart de ces restaurants, bars et clubs regorgent de prostituées. Elles circulent entre les tables, décolletés plongeants et vêtements ultra moulants, parfumées et maquillées à outrance. Des centaines de filles qui travaillent chaque soir partout à Béjaïa. Dans une lumière tamisée, sur piste de danse, des dizaines de filles, toutes tailles et tous âges confondus, aguichent le client. Elles sont là à scruter la salle du regard, à la recherche de celui qui les emmènera finir la nuit dans une des chambres de l'hôtel attenant. En Kabylie ces lieux sont légion. Sans les avoir vus, les femmes et les enfants en parlent car trop souvent un parent, un père y perd raison. Combien de familles ont été déchirées par ce fléau dont l'apparition en Kabylie est récente. Le fléau est tel qu'aujourd'hui non seulement il atteint les villages - on a vu des cabarets aménagés dans un village - mais il reste à l'origine de la montée inquiétante du mouvement salafiste. Eh oui ! aujourd'hui on en est arrivé en Kabylie à qui exhibera sa bière et sa pute et à qui exhibera sa barbe et sa gandoura. Les débits de boissons et d'amours tarifés concurrencent au vu et au su de tous les mouvements intégristes et islamistes. Ils sont pour les deux cas non seulement des sources de revenus mais aussi une arme politique. La Kabylie est peu à peu en train de devenir une zone de luttes d'influence. Une vaste zone de débauche pour certains et un lieu de prédilection pour d'autres. Ainsi, d'après certains chiffres avancés, près de 5000 femmes se prostitueraient en Kabylie sans compter celles qui le font sous le manteau. Les cellules familiales sont touchées de plein fouet, gravement déstructurées. Certains pères n'ont plus les rênes du pouvoir au domicile. L'appât du gain facile noie les valeurs morales. Les histoires de femmes enlevées par des proxénètes, de fugueuses retrouvées dans des hôtels de passe ou de femmes répudiées contraintes de vendre leur corps abondent à travers toute la région. Les habitants de lieux les plus touchés par ce fléau ont marqué leur mécontentement. On se rappelle des rassemblements des citoyens de Tichy par deux fois de suite devant la mairie et la daïra. Mais que peut faire un citoyen face à un phénomène que même les plus grands Etats n'ont pu endiguer? Le risque à présent est que l'autre partie réagisse par la violence. Le phénomène qu'avait vécu la capitale dans les années 90 est-il en passe de se reproduire ici en Kabylie? L'avenir proche nous renseignera. Mais, déjà, des voix s'élèvent pour prévenir de ce cas de figure.