Annoncé en grande pompe, le retour en Algérie d'Anouar Haddam, ancien cadre du parti dissous installé aux Etats-Unis d'Amérique, n'a finalement aucun rapport avec la situation du pays. Anouar Haddam fait l'objet d'une mesure d'expulsion vers l'Algérie. Sa demande d'asile a été rejetée par le département de justice américain. Elle avait été déférée devant le ministère de la Justice par le commissaire en exercice du service d'immigration et de naturalisation après que le Bureau des appels en matière d'immigration (BIA) a décidé de lui accorder l'asile. La demande de sursis d'expulsion et d'ajournement d'expulsion vers l'Algérie fait l'objet actuellement d'un renvoi pour procédure complémentaire conforme à cette conclusion sur son éligibilité à un sursis d'expulsion. Les motifs de ce rejet sont liés d'abord à ses liens avérés avec le GIA, et le terrorisme en Algérie, mais également à une affaire de fausses déclarations fiscales. L'ancien dirigeant de l'ex-FIS, auquel le GIA a octroyé en 1994 « le portefeuille de ministre de ses Affaires étrangères », a introduit sa première demande d'asile en 1993, rejetée par les services d'immigration (INS) en 1996, après que ceux eurent prouvé sa « complicité dans les actes de terrorisme et de persécution commis en Algérie ». En 1997, le juge chargé des affaires de l'immigration l'a déclaré expulsable après avoir rejeté sa demande d'asile ainsi que celle de sursis à son expulsion. Un arrêt d'expulsion des Etats-Unis a donc été rendu à ce titre. Néanmoins, le BIA a annulé cette décision et a décidé le renvoi de l'affaire à une nouvelle audience arguant l'insuffisance des preuves pour justifier l'expulsion. En renvoi, un deuxième juge de l'immigration a confirmé la décision d'expulsion, en ordonnant à Anouar Haddam de quitter le territoire américain. Mesure néanmoins différée à la demande des avocats de l'islamiste qui ont prétendu que leur mandant risquait d'être torturé une fois entre les mains des autorités algériennes. Finalement, le BIA et les services de l'immigration ont fini par se mettre d'accord sur le rejet. L'argumentation est basée sur, entre autres, le fait que Haddam, « en tant que membre dirigeant actif du FIS, avait des liens avec le GIA, auteur d'actes de terrorisme et de persécution en Algérie au milieu des années 1990 (...) Il y a des preuves suggérant que le FIS est impliqué dans l'assassinat de civils (...) » et aussi qu'il « s'est engagé dans les assassinats politiques, les attentats contre les forces de sécurité et l'assassinat d'étrangers, les journalistes, les médecins et d'autres catégories professionnelles, ainsi que les Occidentaux ». Les mêmes services ont affirmé qu'Anouar Haddam avait déclaré devant leurs agents que « son soutien au GIA était bien fondé (...) J'ai fortement soutenu le GIA, je l'ai fait car nous avions un pacte ». Une solution pacifique Dans le rapport du juge de l'immigration, il est indiqué que « Tous les liens de Haddam avec les actions des GIA pèsent lourdement contre l'attribution discrétionnaire de l'asile dans le présent cas, qu'il ait ou n'ait pas des craintes fondées de persécution en cas de retour en Algérie. Les Etats-Unis ayant un puissant intérêt à combattre les actes de violence, de persécution et de terrorisme où qu'ils aient lieu, même en Algérie, il serait donc illogique d'accorder l'asile à des personnes ayant un lien avec de tels actes. Il est également de l'intérêt national des Etats-Unis que l'Algérie parvienne à une solution pacifique et durable des conflits qui ont ravagé ce pays”. L'autre grief reproché à Haddam est lié à sa déclaration fiscale. Les services de l'immigration ont noté que l'islamiste avait déclaré avoir reçu de l'argent de l'étranger (un salaire du FIS) pour financer ses activités politiques. Or, ont-ils soutenu, alors qu'il n'avait jamais rempli de déclaration fiscale aux Etats-Unis et ses enfants ont reçu une aide financière de l'Etat de Virginie. « La violation de la fiscalité et l'utilisation abusive du système d'aide aux démunis montrent à la fois le non-respect de la loi et la volonté de tirer profit d'un système d'aide au détriment de personnes réellement dans le besoin », ont conclu les mêmes services, précisant plus loin que « le fait par exemple que son épouse et ses enfants résident légalement aux Etats-Unis et que trois de ses enfants soient citoyens américains ne compensent pas les éléments négatifs exposés (...) ; ce dernier ne peut pas prétendre à la résidence permanente et légale aux Etats-Unis. ». Ainsi, Anouar Haddam risque à tout moment de se retrouver expulsé vers l'Algérie, lui qui pendant des années a soutenu les abominables boucheries commises par le GIA à l'encontre des populations civiles, des intellectuels, des étrangers, des femmes etc.