Le président d'El Islah considère que le départ de Ouyahia n'est pas une priorité. Abdallah Djaballah sort épuisé des mouvements de dissidence successifs. Mais il garde le sourire. Il improvise un point de presse à l'ombre d'un préau dans un centre de vacances à Zéralda. Juste à l'entrée pour que les militantes de son parti observent l'intérêt que lui accorde la presse nationale. Il refuse d'abord de se ranger sur les thèses de son frère ennemi, Boudjerra Soltani, qui demande le départ du chef de l'Exécutif en prévision des élections législatives de 2007. «Le limogeage du chef du gouvernement ne constitue pas une priorité mais la question sera étudiée le moment opportun», dit-il avec un net souci d'éloigner la polémique qui semble avoir affecté le président du MSP en croisant le fer avec Ouyahia. Il aura fallu le titiller pour en tirer quelque chose d'autant que le soleil printanier invite à un somme sur le gazon au lieu de paraphraser les autres adversaires politiques. Djaballah estime que «nous sommes dans un régime présidentiel», en guise de réponse à une question relative à la révision de la Constitution. «Par contre, la révision, si révision il y a, doit aller au fond des choses ; elle doit inclure les garanties de consolidation des constantes de la Umma, en mettant un terme aux agressions qui visent l'Etat et les institutions, garantir l'alternance au pouvoir à tous les partis politiques, établir l'équilibre réel dans les prérogatives entre les pouvoirs ainsi que dans les moyens de contrôle du pouvoir politique». Il ne trouve rien à redire sur l'ordonnance portant application de la Charte pour la paix et la réconciliation. «Nous considérons qu'elle a fait un grand pas en prenant en charge le volet social des citoyens touchés par la crise. Nous continuerons toutefois de militer, dans le champ politique, pour la finaliser car le texte donne une marge de manoeuvre au président pour introduire les ajustements nécessaires». Parmi ces ajustements, il cite le cas des détenus du Sud et des citoyens qui ont subi des pertes dans leurs biens à cause de la crise. «La logique de la réconciliation est destinée à boucler tous les dossiers en ouvrant la voie à une nouvelle ère. La réconciliation ne peut réussir qu'après avoir déraciné les causes de la crise et éloigné le spectre de sa reproduction». L'exclusion des militants de l'ex-FIS a été également soulevée. Il considère que «les droits civiques doivent être garantis à tous les Algériens sans exception». L'autre crise, celle d'El Islah, n'a pas échappé aux journalistes qui l'interrogeaient en marge d'une rencontre avec les militantes du parti venues de toutes les wilayas pour faire un tour de table sur la situation, même si le parti ne dispose que de peu de femmes élues, «ce qui n'est pas le propre de notre parti», souligne-t-il. Il ne sait quand se tiendra le congrès parce que le litige qui l'oppose à ses dissidents n'est pas terminé. Il demande aux journalistes de poser la question au procureur de la République pour l'éclairer sur la situation de son propre parti. La position de l'Algérie a été «faible», dans l'affaire des caricatures, indique-t-il, «heureusement le président a réussi à rehausser le prestige de l'Algérie lors du sommet arabe de Khartoum». Le patron d'El-Islah estime enfin qu'au moment où il répond aux questions, il n'y a ni «avant» ni «après» Bouteflika. Chaque chose en son temps...