Le processus a connu un arrêt qui ne disait pas son nom. Il avait même failli déboucher sur un clash. Le dialogue reprendra officiellement le 25 avril. C'est là l'accord conclu entre Belaïd Abrika, porte-parole de la délégation en pourparlers avec le gouvernement et le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, lors d'une entrevue à Alger, dans la soirée du mercredi dernier. Les deux parties se sont entendues sur l'organisation d'un comité de suivi et la date de sa tenue conformément aux mécanismes de fonctionnement retenus par les deux parties dès le début du processus de dialogue. C'est ce que nous a confirmé Belaïd Abrika, hier, au téléphone. «J'ai rencontré mercredi soir le chef du gouvernement et nous avons convenu de la tenue d'un comité de suivi le 25 du mois en cours», nous a-t-il déclaré juste avant l'ouverture des travaux de l'interwilayas. Grippé depuis le 13 septembre, date de la dernière rencontre entre les deux parties, survenue juste après la déclaration du président de la République à Constantine concernant le statut de l'officialisation de la langue amazighe, le dialogue a en effet connu un arrêt qui ne disait pas son nom. Il avait même failli déboucher sur un clash, n'eut été la clairvoyance de la majorité des délégués qui ont préféré temporiser. Le temps a fini par leur donner raison puisque les contacts de coulisses qui se sont poursuivis entre le gouvernement et les archs, en les personnes de Ahmed Ouyahia et Belaïd Abrika, comme l'avait confirmé implicitement le chef du gouvernement lors de la conférence de presse du mois passé, ont fini par être concluants. Mais c'est la dernière rencontre tenue à Azazga sanctionnée par la saisine écrite du gouvernement qui semble à l'origine de l'accélération des événements aboutissant à la nouvelle amorce du dialogue. Laquelle reste très attendue par l'opinion locale. En effet, c'est en réponse à cette saisine que le chef du gouvernement a fixé une rencontre avec le porte-parole de la délégation qui a débouché sur une entente autour de la tenue d'un comité de suivi et la fixation de la date. Ainsi donc, le dialogue reprendra dans les prochains jours et aura pour objectif la finalisation des pourparlers autour de la mise en oeuvre des revendications de la plate-forme d'El Kseur. Il s'agira du paraphe du document final sanctionnant les différents rounds de dialogue. Les deux points d'achoppement, à savoir l'officialisation de tamazight et l'allocation chômage, connaîtront-ils une solution? C'est là une question qui se pose d'elle-même. Mais le temps d'arrêt, assez long, connu par le processus, a peut-être permis aux uns et aux autres d'apporter des solutions sachant qu'aucune partie ne voudrait d'un échec du dialogue avec toutes les conséquences que cela impliquerait. En effet, pendant toute la période d'arrêt des pourparlers, la délégation continuait à se concerter pour peaufiner sa stratégie et les structures du mouvement citoyen entreprenaient la réflexion concertée avec les populations. Le forum de la citoyenneté de la Cicb en était un exemple allant dans ce sens. Intervenant à la veille de la célébration du double anniversaire du Printemps noir et du Printemps amazigh que les archs veulent placer sous le signe de la protestation, cette évolution dans la question du dialogue tempèrera à coup sûr les ardeurs des délégués qui étaient hier en conclave interwilayas des archs à Tizi ouzou. Le chef du gouvernement, qui ne voudrait pas que le processus capote, a donc répondu sagement à la demande des archs, lesquels ne manqueront pas de lui donner la réplique à l'issue de la rencontre de Tizi Ouzou. Partant, c'est tout le processus qui est non seulement sauvé mais qui réinstallera la confiance qui s'effilochait chaque jour un peu plus.