Après Bruxelles, c'est Washington qui décida de suspendre son aide directe aux Palestiniens. Abbas et Haniyeh, le président palestinien et le Premier ministre issu du Hamas, ont critiqué sur le même ton la suspension de l'aide directe à l'Autorité palestinienne annoncée vendredi par l'Union européenne et les Etats-Unis, appelant en revanche au respect du «choix démocratique» du peuple palestinien. Ce qui a fait dire au président Abbas après sa rencontre à Ghaza avec le chef du gouvernement islamiste, Ismail Haniyeh «Il ne faut pas punir le peuple palestinien pour son choix démocratique» et Abou Mazen de souligner «En coupant les aides aux Palestiniens ils (UE et USA) punissent tout le peuple, ses ouvriers, ses familles». De son côté le Premier ministre du Hamas a affirmé «Ces décisions sont précipitées et injustes. Elles portent préjudice au peuple palestinien et constituent une punition contre lui pour ses choix (électoraux)» insistant lui aussi sur le fait que «le monde doit respecter le choix démocratique du peuple palestinien». M.Haniyeh estime par ailleurs que les Américains et les Européens «violent les règles du jeu démocratique, tentent d'entraver l'action du gouvernement et lui placer des obstacles». M.Haniyeh a souligné d'autre part «Quiconque pense que ces décisions vont bloquer le gouvernement se trompe car il tire sa force de la volonté du peuple et des électeurs palestiniens». Par ailleurs, en dépit des divergences apparues ces derniers jours entre la présidence palestinienne et le Premier ministère sur les prérogatives des uns et des autres, MM.Abbas et Haniyeh, sans les nier, estiment que cela ne les empêcheraient pas de travailler ensemble. C'est ainsi qu'Ismail Haniyeh a indiqué devant la presse «Nous travaillerons en coopération avec le président» alors que Mahmoud Abbas affirme . «Je ne priverai pas le gouvernement de la moindre prérogative prévue par la loi fondamentale. Nous n'avons aucune objection à ce que le gouvernement jouisse de toutes les prérogatives qui lui reviennent». MM.Abbas et Haniyeh, voulaient sans doute, par ces affirmations, dédramatiser la situation induite par le désaccord intervenu entre les deux dirigeants, d'autant plus que ni la présidence palestinienne, ni le Hamas n'ont les moyens de se payer une nouvelle crise politique, surtout en ces moments où les Palestiniens subissent une punition collective de la part de la communauté internationale laquelle ne s'est jamais autorisée par ailleurs d'user de tels procédés envers Israël pour amener l'Etat hébreu à se conformer au droit international et à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité. Le Hamas qui découvre la complexité du jeu diplomatique international, ne démord pas cependant de ses positions et affirme qu'il ne cédera pas à la pression comme le réitérait hier le Premier ministre du Hamas, Ismail Haniyeh qui a affirmé «La décision occidentale ne dissuade en rien le Hamas» qualifiant de «chantage» la suspension de l'aide européenne et américaine au gouvernement palestinien. «Les décisions de l'ouest, des Etats-Unis et de l'occupation israélienne sont injustes. Elles ont pour but de nous faire du chantage», a affirmé M.Haniyeh lors d'une réunion à l'université islamique de Ghaza, soulignant «Mais ils ne peuvent pas nous faire chanter sur nos positions politiques», insistant «la direction palestinienne et le gouvernement ne peuvent pas abandonner leurs principes» politiques. Ismail Haniyeh relève au passage le caractère «précipité et injusté» de ces décisions appelant la communauté internationale à «respecter le choix du peuple palestinien». Le président Abbas partage, peu ou prou, le fait que les jugements européens et américains sont hâtifs et qu'il fallait laisser le temps au Hamas de faire ses preuves, indiquant: «Le Hamas va changer ses vues», il faut lui «laisser du temps», assure M.Abbas, dans un entretien publié hier dans le quotidien français Le Figaro et d'autres journaux européens. «Au début, le mouvement se faisait des illusions. Il pensait pouvoir survivre et même aller de l'avant en envoyant le monde entier au diable. Il comprend maintenant que c'est impossible», déclare le président de l'Autorité palestinienne. M.Abbas a souligné d'autre part, «Lorsqu'une formation comme le Hamas passe de l'opposition au gouvernement, elle a besoin de temps pour convaincre ses partisans. Nous allons lui laisser du temps. On ne peut pas décréter que le Hamas a échoué au bout d'une semaine» avant d'ajouter «La position du Hamas est inacceptable aussi bien pour moi que pour la communauté internationale» indiquant qu'il a demandé au Hamas «de changer de position, de renoncer à la violence et de reconnaître Israël». Le président palestinien explique ainsi que l'on ne peut exiger, de but en blanc, d'un mouvement de libération qu'il abandonne de jour au lendemain tout ce qui fait sa raison d'être. Or, l'Occident qui s'interdit de faire la moindre pression sur Israël, pour l'amener à coopérer dans le processus de paix, ne s'embarrasse d'aucune retenue lorsqu'il s'agit des Palestiniens dont la seule alternative qui leur est offerte est de se plier au diktat d'Israël et de l'Occident.