Roosevelt invitait les journalistes chez lui, les appelait par leur petit nom, leur servait le thé. La stratégie de communication est un bien grand mot. La classe politique algérienne communique, dans son ensemble, par communiqués interposés. Elle organise de temps à autre des conférences de presse puis s'installe dans sa routine. La charge de travail incombe aux journalistes. Ils passent leur temps à recueillir les réactions ici et là pour meubler leurs pages. Les politiques ont leur idée sur le pourquoi du harcèlement et répondent souvent par le silence. Si, un jour, les journalistes se mettaient à signaler le refus des politiques de répondre à leurs questions, la lecture des journaux serait plus intéressante. Le FLN semble être très conscient de cette défaillance chez la classe politique nationale dans la mesure où il ouvre le débat sur le thème. Il a d'abord créé un centre de presse où devraient se rencontrer les journalistes, discuter et échanger des informations. Le FLN serait inévitablement au centre du débat. Il récolte en conséquence, les fruits de sa prouesse en ouvrant un espace aux journalistes. Mais le FLN ne s'arrête pas à ce niveau. Il veut élaborer une stratégie de communication afin de mieux mobiliser les citoyens autour de son programme. Il sait aussi qu'il n'y a qu'une seule voie: la communication. Il a réuni les journalistes militants pour débattre de la question. Des idées ont été échangées. Certains voient la communication dans l'offensive et l'initiative. D'autres trouvent que leur parti ne fait rien alors qu'il dispose de beaucoup de moyens. Dans la confusion, donc, on parle du code de l'information qui est mis entre parenthèses, des canaux de communication, de la presse privée, des médias lourds, des journaux du parti, etc. Les intervenants ont ébauché beaucoup de thèmes lors de la première rencontre. Le FLN a pris conscience du rôle de la communication. Il n'y a qu'à prendre le cas de la guerre injuste qui est menée en Irak pour évaluer le rôle de la communication. Il n'y a qu'à comptabiliser le volume horaire que consacre le Pentagone et le secrétariat d'Etat à la Communication pour comprendre que la guerre de la communication est capitale. Rappelons également que la première guerre du Golfe a sorti de l'oubli CNN. L'invasion de l'Afghanistan a fait les beaux jours d'Al Jazeera. L'occupation de l'Irak a été faite avec Fox News, etc. Il est évident qu'à chaque action d'envergure, il y a des canaux de communication d'envergure et des personnes compétentes qui l'accompagnent. Qui ne se souvient pas de Sahaf -ministre irakien de l'Information- qui jouait au coude à coude avec les gourous de la communication américains. L'Irak a perdu la guerre le jour où les Américains ont bombardé le bureau d'Al Jazeera à Baghdad. Mais la communication à l'américaine remonte à très loin. Elle est devenue une tradition bien américaine depuis l'époque de Roosevelt. Malgré son handicap physique, il avait réussi à faire avaler la pilule à ses concitoyens par toutes sortes de stratagèmes. Mieux, il invitait les journalistes les plus en vue -ceux qui ont de l'influence- dans son jardin, les appelait par leur petit nom, leur servait le thé, tissait des liens étroits avec eux et faisait circuler ses idées en catimini...Une fois, un journaliste a demandé au chef de gouvernement Bélaïd Abdesselem de lui donner un seul nom de journaliste algérien. Il n'a pas eu de réponse. Cela aussi fait une tradition. La préoccupation du FLN est vitale pour le devenir du parti. Ses cadres ont compris la défaillance de la communication. Ils veulent désormais rattraper le temps perdu en élaborant une stratégie porteuse. L'idée est encore à ses balbutiements mais elle aboutira si le débat est élargi aux gens de la profession, tout en tenant compte des expériences des autres. Ils doivent avoir la patience d'être à l'écoute en allant dans le sens de l'ouverture. Le FLN est un parti ouvert sur les masses populaires. Ses idées doivent leur parvenir. Il ne faudra pas attendre les élections pour aller vers les citoyens. La communication est un rite qui se fait au quotidien, comme la prière, chez nous autres musulmans.