La décision de suspendre les importations de viandes rouges, prise par le ministère de l'Agriculture, ne passe pas auprès des importateurs. Les raisons tiennent d'abord aux pertes sèches que les opérateurs versés dans l'importation de viande vont devoir subir, mais également aux milliers d'emplois qui passent à la trappe, à cause de cette décision dont le secrétaire national de l'Ugca et président de la Confédération nationale des importateurs de viande rouge et dérivés Sofiane Bahbou critique le caractère unilatéral. Bahbou, estime, en effet, que le ministère de l'Agriculture a surpris les opérateurs. «Ce genre de décision ne doit pas être verticale. Nous concevons que le ministère de l'Agriculture est habilité à stopper les importations pour promouvoir la production nationale, mais un minimum de concertation aurait certainement débouché sur la promotion de la production nationale, sans mettre sur le carreau des centaines d'entreprises.» En évoquant «le minimum de concertation» Sofiane Bahbou révèle qu'à cause de cette «décision brutale», beaucoup d'importateurs ont vu leur cargaison bloquée au niveau du port. «Il a fallu des jours de négociation pour pouvoir lever le blocage de ces marchandises.» Mais ce «petit succès» ne constitue pas la fin des problèmes pour les importateurs, car il y a pas mal de commandes faites avant la décision ministérielle qui ne sont pas encore arrivées au port. Certaines sont dans des navires en partance vers les ports algériens, d'autres en phase de découpe au niveau du producteur. Bref, les négociations devront se poursuivre pour éviter aux importateurs des pertes sèches supplémentaires. Il reste que Sofiane Bahbou, qui mise sur la compréhension des pouvoirs publics pour gérer cette phase, estime qu'elle ne constitue pas le véritable problème qui affectera les importateurs, mais également le marché national des viandes rouges. Le président de la Fédération nationale des importateurs, de viandes rouges révèle, en effet, qu'à l'approche du mois de Ramadhan, il y a nécessité de réaliser des stocks pour garantir la régulation des prix lors du mois sacré, synonyme d'une forte hausse de la consommation de ce produit précisément. «Habituellement, en pareille période, les opérateurs font des stocks en prévision du mois sacré». Il faut comprendre que pendant le Ramadhan, sans un appoint en viandes rouges importées, il sera impossible de maîtriser les prix. «L'offre s'envolant face à une production statique, les prix suivront une courbe ascendante jusqu'à des niveaux insoupçonnables», prévient Sofiane Bahbou. Or, à bien comprendre notre interlocuteur, le secteur se trouve précisément dans ce cas de figure. «Il faut un mois et demi pour qu'une commande puisse être satisfaite par les producteurs étrangers. Si la suspension des importations dure encore un mois, il sera quasi impossible d'alimenter convenablement le marché pendant le mois de Ramadhan», assure le président de la Fédération nationale des importateurs des viandes rouges et dérivés. Et si le ministère s'aperçoit de son «erreur» et décide d'autoriser des importations d'urgence, à quelques jours du mois du Ramadhan, «il va y avoir bousculade chez les producteurs étrangers et les prix à l'achat vont flamber. Cela se répercutera sur le coût final de la viande sur le marché national», souligne Sofiane Bahbou, qui note ainsi que la décision de suspendre les importations de viande ne sert personne, en tout cas, à le croire, le consommateur en sera lésé. Mais il faut dire d'un autre côté que le ministre de l'Agriculture qui a suivi les producteurs, peut aussi réussir son pari et garantir.