Mouloud Mammeri et Si Mohand Ou Mhand sont intimement liés par le fait que le premier a conféré un habillage académique et surtout écrit l'oeuvre du second dont l'apport à la poésie kabyle a été oral. N'eut été le travail de sauvegarde effectué par Mouloud Mammeri, mais aussi par d'autres écrivains comme Boulifa, Feraoun, Younès Adli, etc. la poésie de Si Mohand Ou Mhand aurait sans doute disparu aujourd'hui, du moins en grande partie. Cette fin décembre on commémore l'anniversaire du décès de Si Mohand Ou Mhand et l'anniversaire de la naissance de Mouloud Mammeri. Un double événement qui revêt une grande symbolique car il s'agit de deux figures parmi les plus importantes de la culture amazighe. Si Mohand Ou Mhand, dont on commémore ce 28 décembre le 114ème anniversaire du décès, est considéré comme l'un des plus grands poètes kabyles de tous les temps. Il est reconnu en tant que tel, non seulement par la catégorie des chercheurs dans le domaine amazigh et des écrivains qui se sont penché sur son oeuvre, mais aussi par les sommités poétiques venues après lui ainsi que par des artistes de grande envergure qui ont chanté sur lui ou ont repris ses textes ou des extraits à l'image de Slimane Azem, Salah Sadaoui, Matoub Lounès, Samy El Djazaïri, etc. Premier concours de poésie D'ailleurs, la direction de la culture et des arts de la wilaya de Tizi Ouzou vient de lancer le premier concours de poésie dédié à Si Mohand Ou Mhand à l'occasion de l'anniversaire du décès de ce barde. Malheureusement, le contexte de crise sanitaire ne permet guère d'organiser des événements à la hauteur de la stature de Si Mohand Ou Mhand à cette occasion, mais ce n'est que partie remise car il ne sera jamais trop tard pour revisiter l'oeuvre poétique de Si Mohand Ou Mhand. Le 28 février également, c'est l'anniversaire de la naissance de Mouloud Mammeri qui a consacré une grande partie de sa vie à la recherche dans le domaine de la langue, de la culture et de la littérature amazighes sous toutes leurs facettes. Mouloud Mammeri s'est intéressé non seulement à la poésie de Si Mohand Ou Mhand, mais aussi à celle de pas mal de poètes kabyles anciens dont les textes étaient sérieusement menacés de disparition à l'instar de Cheikh Mohand Ou Lhocine, Youcef Ou Kaci, etc. Littérature amazighe tous azimuts Mouloud Mammeri, tout en collectant les pièces poétiques en question, a procédé également à leur traduction en langue française et les a analysées avec son regard pointu d'universitaire-chercheur. Mouloud Mammeri a écrit aussi bien en français qu'en tamazight sans oublier qu'il a conçu la première grammaire de langue amazighe (variante kabyle). Mouloud Mammeri a écrit quatre romans La colline oubliée, L'Opium et le Bâton, La traversée et Le sommeil du juste. Deux de ses romans ont été adaptés au cinéma par deux parmi les meilleurs réalisateurs algériens: Ahmed Rachedi et Abderrahmane Bouguermouh La colline Oubliée a été directement réalisée en langue amazighe. Quant à L'Opium et le Bâton, réalisé en langue arabe, sa version en tamazight est fin prête et sa projection en avant-première se fera dès que les conditions sanitaires se soient améliorées.