Les six pays concernés par le projet se concertent pour ouvrir les voies sur l'Afrique. La Transsaharienne reste en état de projet depuis 1975. C'était au départ un projet fou - voire irréalisable dans le contexte de l'époque- mais l'Algérie avait effectué des travaux conséquents qui, malheureusement, n'ont pas été achevés. Mieux, ils se sont détériorés pendant les vingt dernières années, faute d'entretien. Aujourd'hui, la 45e session du Comité de liaison de la route transsaharienne (Clrt) se réunit à Alger pour relancer le projet. Les représentants des six pays concernés -Algérie, Tunisie, Mali, Mauritanie, Libye et Niger- planchent sur le projet mis en hibernation depuis très longtemps. Pourtant, par le biais des routes circulent les marchandises, les idées et les hommes. Abdelkader Messahel, ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, souligne l'importance des routes qui constituent «le lien ombilical entre les six pays africains». Son importance est à la fois économique, sociale et culturelle; mais également sécuritaire parce que pareil réseau exige des infrastructures d'accompagnement. Il faudra que le réseau soit dynamique parce que vital pour l'Afrique, insiste-t-il. Ce projet s'insère dans la stratégie efficiente du Nepad et représente «l'instrument privilégié de liaison pour le développement de l'Afrique». Le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, estime à 10.000 km l'ensemble du réseau de la transsaharienne dont 7000 km sont revêtus. L'Algérie aura à réaliser 3000 km. Le programme quinquennal prend en charge 1770 km qui nécessitent une enveloppe conséquente qu'il évalue à 27 milliards de dinars; les travaux sont engagés et 400 millions de dollars ont déjà été affectés. Reste l'étude du tronçon reliant les axes en cours de réalisation aux frontières. Selon les explications du ministre, la transsaharienne ne sera pas une ligne droite comme on pourrait le croire. Il s'agit en fait du réseau de l'autoroutes Est-Ouest plus la rocade des Hauts-Plateaux, plus la ligne Skikda-Illizi-Djanet et enfin la ligne Oran-Béchar qui descend vers l'axe sud-ouest. La transsaharienne aura également 7 parcs régionaux pour le matériel et équipement et 70 maisons cantonnières pour l'entretien. Pour la finalisation du projet, des moyens de financement doivent être réunis par les pays concernés. Mais d'abord, il faudra terminer l'étude globale et arrêter les coûts pour ensuite envisager la poursuite des travaux. C'est l'objet de cette rencontre qui sera suivie d'une autre le mois prochain à Tunis. La 45e session du Cltr est ouverte. Elle durera deux jours et sera sanctionnée par des recommandations. L'Afrique est à présent le continent le plus pauvre de la planète, et qui deviendra dans quelques années le plus peuplé. Le manque de moyens de communication et les échanges entre pays africains a mis chacun dans une autarcie improductive. Lors des rencontres du Congrès des routes africain et mondial, les Africains ont pris conscience du rôle vital des routes. Elles constituent l'unique moyen de création d'emplois, d'échanges commerciaux, de mouvement de marchandises et de main-d'oeuvre, de développement des régions inaccessibles. Les flux migratoires dans tous les sens ont mis en alerte l'opinion publique internationale qui craint une invasion venant du Sud. Lors du colloque sur la migration tenue au début du mois à Alger, des recommandations ont été faites pour aider l'Afrique à se développer. Les réseaux routiers sont les canaux de nutrition de cette immense Afrique que l'Occident continue de considérer comme une terre des pandémies, de sida, de rejet des déchets nucléaires, entre autres. Mais les Africains pensent qu'ils ont encore un avenir sous le soleil. Ils se débattent pour sortir de la fatalité.