Une mission de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) est arrivée hier à Bamako pour une visite de deux jours lors de laquelle elle aura des entretiens avec les autorités de transition sur la situation politique dans le pays, rapportent les médias. La mission, dirigée par l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, aura lors de ce déplacement de 48 heures, des rencontres avec des acteurs chargés de l'organisation des élections présidentielle et législatives de l'année prochaine et rencontrera les autorités de la transition et la classe politique, précisent les mêmes sources. Cette visite intervient peu après les cent jours de la prestation de serment du président et du vice-président de transition au Mali. La mission de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest va s»'intéresser de près à la situation politique locale». Les futures élections présidentielle et législatives pour un retour des civils au pouvoir figure également parmi les sujets qui seront évoqués lors de cette visite. Début décembre, l'Union africaine (UA), la Cédéao et l'ONU ont mis en place un Groupe de suivi et de soutien à la transition au Mali auquel était assignée la mission d'accompagner les autorités transitoires dans leurs efforts visant à traduire en résultats concrets les missions essentielles définies dans la Charte et la feuille de route notamment celle d'organiser des élections présidentielle et législatives et de ramener la paix. Créé par le Conseil de paix et de sécurité de l'UA lors de sa rencontre du 9 octobre 2020 sur l'examen de la situation dans le pays, ce groupe, co-présidé par l'UA, les Nations unies et la Cédéao, va accompagner et soutenir le Mali, qui fait face à de nombreux défis, dans la mise en oeuvre de la Charte de la transition et de la feuille de route validées à l'issue de la concertation nationale en septembre dernier. Le commissaire à la Paix et à la sécurité de l'UA, Smaïl Chergui, avait indiqué que le groupe se veut «un geste de solidarité et d'accompagnement de la Transition pour un aboutissement serein et l'organisation d'élections présidentielle et législatives libres et transparentes dans un délai de 18 mois». Il faut donc préparer les futures échéances électorales de l'année prochaine. Dans ce cadre, des rencontres sont prévues entre la mission de la Cédéao et des acteurs majeurs du processus électoral. Par ailleurs, le vice-président du Mali Assimi Goïta s'est rendu samedi à Gossi dans le centre du pays où des troupes sont engagées dans une opération conjointe avec la force française Barkhane et où une frappe aérienne dimanche dernier a créé la polémique. «Aujourd'hui, les résultats réalisés sur le terrain (nous rendent) très fiers, ce sont des résultats très probants qui se sont soldés par la neutralisation d'un grand nombre de terroristes, la récupération d'armes de guerre et surtout un lot important d'engins explosifs improvisés», a déclaré le colonel Goïta à la télévision nationale. Depuis début janvier, la France, la Force conjointe du G5 Sahel et l'armée malienne mènent une opération appelée «Eclipse» dans la zone dite des «trois frontières» entre Mali, Niger et Burkina Faso, et notamment dans le secteur de Douentza/Hombori dans le centre du Mali. Durant l'opération, les armées ont fait «un nettoyage de la forêt de Serma», repaire présumé de la katiba Serma, membre du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, alliance jihadiste affiliée à Al-Qaïda, selon un communiqué de l'armée malienne posté sur les réseaux sociaux. De même source l'opération a permis la destruction «d'un atelier de fabrication d'engins explosifs improvisés (et) d'une infirmerie de campagne», la saisie de «nombreuses motos et munitions» et la capture d'une «dizaine de terroristes déjà remis à la gendarmerie». L'armée malienne revendique «une soixantaine de terroristes neutralisés» depuis le début de l'opération. Le 3 janvier, une frappe aérienne menée dans le secteur du village de Bounti, dans la même zone et au cours de la même opération, a créé la polémique. Des villageois et une association de défense de l'ethnie peule ont fait état d'une frappe d'hélicoptères ayant atteint une fête de mariage faisant une vingtaine de morts, quand la France et le Mali ont plusieurs fois martelé que la cible était un regroupement de jihadistes de la katiba Serma. «Nous avons engagé deux avions de la chasse française qui ont éliminé des dizaines de jihadistes», a dit la ministre française des armées Florence Parly dimanche sur la radio française «France Inter», estimant que «beaucoup de gens disent beaucoup de choses, et beaucoup de choses totalement inexactes». Il n'y avait pas de mariage, a-t-elle répété. Vendredi, six soldats français ont été blessés par l'explosion d'un véhicule-suicide dans le même secteur de Hombori, où deux soldats français avaient été tués fin décembre par l'explosion d'une mine artisanale.