C'était sur fond d'un appel à la grève de deux heures (10h-12h) que la clôture a démarré. Les festivités du double anniversaire du Printemps noir et du Printemps amazigh ont été clôturées hier à Amizour par un meeting de l'interwilayas. C'était sur fond d'un appel à la grève de deux heures (10h- 12h) que la clôture a démarré en présence des délégués venus des quatre coins de la Kabylie. Au retour d'une délégation interwilayas partie déposer une gerbe de fleurs sur la tombe d'Ahmed Mammeri, martyr du Printemps noir, située dans un village à quelques kilomètres plus loin, les participants ont observé un rassemblement devant le cimetière des martyrs d'où s'était ébranlée une marche populaire qui sera sanctionnée, une heure après, par la baptisation d'une place publique du nom de Mammeri Ahmed. La journée d'hier, déclarée dans le sillage des événements du Printemps noir «journée nationale contre la répression», était marquée aussi par la sérénité. Loin du caractère protestataire des années précédentes, les festivités de l'événement étaient incontestablement commémoratives. Au cours du meeting organisé à l'issue de la marche, les animateurs de l'interwilayas ont retracé brièvement le cheminement du combat pour l'identité en plaidant pour un code de bonne conduite politique entre les acteurs et l'élite de la mouvance démocratique. Abordant la question de tamazight, les orateurs souligneront que «au-delà des moyens que l'Etat doit mettre en place pour sa promotion, tamazight a besoin d'une protection politique en la consacrant comme langue officielle au côté de l'arabe dans la Constitution algérienne». D'autres intervenants ont fait un bilan succinct du dialogue. «Les crises se règlent par le dialogue» clame-t-on avant de présenter les acquis arrachés en soulignant que «dans un même Etat il ne saurait y avoir de vainqueur et de vaincus». Ainsi s'achève la célébration du 26e anniversaire du Printemps amazigh et du 5e du Printemps noir d'avril 2001. Un anniversaire certes marqué par une défection citoyenne qui trouve sa raison d'être dans la division des rangs, mais aussi dans l'attente d'un changement que l'opinion veut d'abord sur le plan social et économique puis sur le plan politique, pour ne plus faire de la région un «laboratoire expérimental», pour paraphraser un participant aux festivités commémoratives. Les citoyens ayant pris part à la célébration à travers les nombreuses marches et rassemblements qui l'ont ponctuée ont fait preuve d'une maturité politique certaine allant jusqu'à émettre des avis qui jusque-là étaient rares, à l'image de cette déclaration selon laquelle «il faut trouver une solution au statut de la langue pour l'extraire du marchandage politique» d'une région qui se mobilise fortement à chaque rendez-vous politique, la Kabylie qui donne l'impression de vouloir d'autres choses plus palpables en mesure de changer son quotidien devenu ces dernières années des plus moroses. Ayant montré son attachement à l'identité et aux valeurs démocratiques, la population kabyle demande désormais qu'on lui accorde plus d'importance en s'occupant de ses préoccupations quotidiennes, celles liées au développement local, l'investissement et l'emploi.