L'Expression: Quel bilan faites-vous de la situation épidémiologique? Docteur Bekkat Berkani: Elle n'est pas inquiétante pour le moment. Le nombre des cas de contamination est en dessous de la barre des 200 cas. Tout reste envisageable, puisque comme tout le monde le sait, le nouveau variant a fait son apparition sur le territoire national à l'instar de ce qui se passe ailleurs dans le monde. Je pense que le variant remplacera progressivement la souche d'origine, vu que sa grande capacité de contagiosité est l'une de ses caractéristiques. Doit-on s'inquiéter docteur? Je pense qu'il ne faut pas exagérer le phénomène. Cela du fait que la gravité du variant britannique n'est pas tout à fait prouvé. Mais sur le plan épidémiologique on ne doit pas quitter des yeux le fait qu'il s'étend rapidement. Est-ce que le choix d'un confinement partiel est envisagé par le Comité scientifique pour le suivi de l'épidémie de Covid-19? Tout confinement est écarté pour le moment. Il faudra maintenant attendre les résultats des enquêtes épidémiologiques en cours afin de trancher la question. Je pense et ça reste mon propre avis, qu'il n'est pas question de confiner à l'heure actuelle. Il faut se concentrer sur la piste épidémiologique que nous avons, c'est-à-dire, accélérer les enquêtes et cibler en particulier l'environnement où le virus a pu circuler. Là, je parle de l'espace dans lequel se trouvaient les deux premiers cas infectés par le variant. C'est maintenant où jamais. Parmi les mesures à prendre afin d'éviter que le variant embrase tout le pays, la fermeture des écoles et l'interdiction de la circulation interwilaya, sont-elles envisagées? Il est encore très tôt de parler de ces mesures. Je considère qu'il est hors de question de confiner les écoles. Je pense aussi qu'il faut plutôt mettre le paquet sur l'application des mesures barrières. La vigilance doit être de mise, notamment qu'un relâchement a été constaté. Certains de nos concitoyen continuent de faire fi des consignes de sécurité et d'hygiène recommandées pour lutter contre le virus. C'est le travail qui doit être fait au lieu de penser au confinement, qu'il soit territorial, régional ou national. Est-ce que nous avons les moyens de contrôler toutes les personnes qui ont été rapatriées récemment, pour éviter la propagation du variant britannique? Je voudrai d'abord revenir sur la mesure du maintien de la fermeture des frontières et l'arrêt des vols de rapatriement en cours depuis ce lundi, Cette décision est déjà pas mal. C'est une décision qui a été confortée par le chef de l'Etat, et ceci nous amène à augmenter nos capacités de séquençage et d'enquêtes épidémiologiques. L'institut Pasteur dispose certes de la technologie pour le faire, mais c'est une technique très coûteuse. On ne peut pas tout contrôler. Il faut cibler les sujets contacts déjà identifiés. Pensez-vous, docteur, que d'autres types de variants auraient pu s'introduire sur le sol algérien? Il est évidemment possible que d'au-tres variants aient pu entrer dans le pays. Néanmoins, je pense que le variant britannique est celui qui a pris le dessus, notamment que la majorité des voyages aériens étaient en provenance de la France actuellement très touchée par ce type de virus. Le Comité scientifique avait décidé de mettre en isolement la délégation du CRB pendant 7 jours, or ce protocole a été bafoué par le club, (des membres de la délégation ont rejoint leurs maisons ce lundi). Que comptez-vous faire? Ils doivent faire preuve de responsabilité. Cela ne pose pas de problème, à condition qu'ils se mettent en isolement eux et leurs proches. Les quantités de vaccins sont-elles suffisantes pour le bon déroulement de la campagne de vaccination? L'Algérie a récemment réceptionné 200000 doses du vaccin chinois anti-Covid-19 produit par Sinopharm en provenance de Chine. Mais il s'agit d'une quantité insuffisante. Je profite de votre question pour souligner que la campagne de vaccination avait commencé de façon «symbolique.» Et on espère avoir très prochainement des doses beaucoup plus importantes pour entamer véritablement la campagne de vaccination tous azimuts en fonction des objectifs tracés. Il est également clair que l'arrêt de la campagne de vaccination n'est pas en faveur de la situation épidémiologique en Algérie. C'est la cadence de vaccination qui arrivera ou pas à domestiquer le virus. Autrement dit, plus la campagne de vaccination avance, plus nous gagnons sur n'importe quelle souche, quel que soit le variant ou l'originale. Les vaccins sont-ils efficaces contre la nouvelle souche? Tous les vaccins protègent des variants qui ont les mêmes caractéristiques épidémiques; ils ont la même sensibilité aux médicaments et aux vaccins jusqu'à preuve du contraire.