Sans surprise aucune, le nombre de personnes porteuses du variant britannique du Covid-19 est appelé à augmenter. Cinq cas suspects font déjà l'objet de surveillance en attendant les résultats du séquençage. Le directeur général de l'Institut Pasteur d'Algérie avertit : sans un strict respect des mesures barrières, la situation sanitaire, actuellement stable, pourrait rapidement se dégrader au regard de la grande contagiosité du nouveau variant. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Après la confirmation de deux premiers cas de personnes porteuses du variant britannique, l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) annonce être dans l'attente des résultats de prélèvements suspects chez cinq personnes. Pour savoir si ces dernières sont porteuses de la nouvelle souche, il faut néanmoins un laps de temps pouvant aller jusqu'à quatre jours. Fewzi Derar n'écarte pas l'hypothèse de l'existence d'autres cas en raison de la nature même du virus, qui a tendance à se propager plus vite que l'ancienne souche du Covid-19. Son institution est-elle en mesure de vérifier l'ensemble des cas suspects ? Oui, répond le Dr Derar, qui assure que les capacités de séquençage sont actuellement suffisantes, annonçant l'acquisition prochaine d'un troisième séquenceur et précisant que ce ne sont pas l'ensemble des prélèvements qui sont concernés par le séquençage. Seuls ceux qui sont jugés suspects y sont soumis, avec des délais pouvant aller jusqu'à trois jours pour l'apparition des résultats. S'exprimant sur un plateau de la chaîne Echorouk News, le directeur de l'IPA a dit s'attendre à une hausse des cas de contamination car, dit-il, le virus a vocation à se transmettre rapidement, alors que pour la dangerosité ou la sévérité des symptômes, les études n'ont pas encore tranché. Plus explicite, le directeur de l'IPA affirme que « la souche originelle commence à disparaître laissant la place au variant. Ce qui est attendu, c'est qu'il le remplace totalement. On sait qu'il est plus contagieux à hauteur de 50 à 70% par rapport à l'autre. Il a la capacité de contaminer 6 à 8 fois supérieure ». Conséquences directes de ces caractéristiques, le risque de voir le nombre de cas rapidement augmenter avec ce que cela peut induire comme pression sur les structures de santé. Le Dr Derrar avertit que « l'apparition de ces cas doit être prise comme un signal d'alerte pour un retour rapide vers le strict respect des protocoles sanitaires : port du maque obligatoire et distanciation. Elles sont suffisantes si elles sont appliquées à la lettre », constatant avec regret un grand relâchement dans le respect du protocole sanitaire imposé à différents secteurs d'activité. Cela risque-t-il de mener les pouvoirs publics à décider de durcir les mesures préventives ? Réponse du Dr Derar : «Actuellement, la situation épidémiologique est stable avec moins de 200 cas par jour. Le confinement n'est pas une décision exclusivement scientifique ». Peut-on imaginer dans les jours à venir que le ministère de la Santé détaille dans son bilan quotidien le nombre d'atteints par le nouveau variant ? « Cela n'a pas d'incidence sur la santé publique. Ce qui compte, c'est le bilan général. La recherche de la souche, c'est important pour les études épidémiologiques. Cela aide à connaître la pente que risque de prendre l'épidémie. On a vu des pays où la souche est présente et où la courbe n'a pas connu d'affolement. Il est possible qu'il n'y ait pas d'impact trop important sur le bilan, mais si la courbe repart à la hausse, ça sera un indice sur la dynamique du virus », répond le directeur de l'IPA. Il est resté néanmoins évasif en répondant à une question relative à l'entrée sur le territoire national d'une personne porteuse du Covid-19, se contentant de dire que des enquêtes épidémiologiques étaient en cours, ajoutant qu'il est toujours difficile de déterminer l'origine d'une contamination, même avec des frontières fermées. Evoquant la vaccination contre le Covid-19 qui est en cours, Fewzi Derar a fait savoir que 100 000 doses avaient été distribuées jusque-là, et toutes ont été déjà utilisées, en attendant la réception en mars, puis en avril, de nouvelles doses qui permettront, dit-il, d'accélérer la cadence de la vaccination. N. I.