Les statistiques font état d'interpellations régulières et presque quotidiennes. La capitale de l'ouest du pays est redevenue, comme avant la décennie noire, la ville la plus prisée par les clandestins marocains en quête de travail. Fuyant le chômage et la pauvreté qui prévalent dans le royaume chérifien, ils ont commencé à affluer vers la ville d'Oran et ses contrées limitrophes avec la nette régression du terrorisme en Algérie au cours de ces six dernières années, selon des recoupements d'informations fiables. En effet, les statistiques établies dans ce registre font état d'interpellations régulières et presque quotidiennes dans la wilaya d'Oran, opérées par les éléments des différents corps de sécurité, de ressortissants marocains pour séjour irrégulier. Se basant sur des informations recueillies au préalable pour le besoin, dès leur arrivée à Oran, ils convergent, pour la grande majorité d'entre eux, vers la zone d'extension de la ville qui s'étend sur la région est où est concentré l'essentiel des chantiers de construction. Agés entre 20 et 50 ans, ces clandestins marocains sont recrutés par des particuliers ou de petites entreprises privées spécialisées dans le bâtiment en qualité de maçon, métier où ils excellent parfaitement, notamment la mosaïque. Selon les informations fournies par la cellule de communication auprès du groupement de la Gendarmerie nationale d'Oran, 25 clandestins, parmi lesquels figurent 10 ressortissants marocains, ont été appréhendés depuis le début du mois en cours. Quatre Marocains âgés entre 20 et 35 ans ont été présentés, mardi dernier, devant le magistrat instructeur près le tribunal de Seddikia. Ils ont été placés en détention préventive en attendant leur reconduction aux frontières de leur pays d'origine pour séjour irrégulier. Ils ont été interpellés dimanche dernier par les gendarmes lors d'une vérification de pièces d'identité dans la localité de Bir El Djir, située à quelques encablures de la sortie est de la ville. Le dialecte dans lequel ils s'exprimaient en conversant a attiré l'attention des gendarmes en patrouille, indique notre source. «Il est difficile de les repérer dans la foule. Physiquement parlant, il n'existe pas de différence entre un clandestin marocain et un autochtone», a commenté un enquêteur de la Gendarmerie nationale d'Oran. Toujours selon la même source, les statistiques établies dans ce contexte par le groupement de gendarmerie d'Oran, indiquent que le Maroc se place en pole position par rapport aux autres pays d'Afrique dont sont originaires les personnes appréhendées par les gendarmes pour séjour irrégulier dans la capitale de l'Ouest. «Ils viennent du Mali, du Niger, du Cameroun et du Ghana, entre autres», a affirmé notre interlocuteur. Les clandestins originaires de ces pays d'Afrique transitent généralement par Oran pour s'introduire dans le territoire du royaume chérifien où ils négocient le prix d'une traversée sur une embarcation de fortune pour gagner les côtes de la péninsule ibérique avec des passeurs faisant partie de véritables réseaux. Il importe de rappeler dans ce contexte qu'une quarantaine de naufragés originaires de différents pays d'Afrique dont des Marocains, ont été sauvés in extremis par les gardes-côtes de la façade maritime ouest au large des côtes oranaises au cours du mois de septembre 2005. Une quarantaine d'autres ont péri noyés en mer après que leur embarcation de fortune chavire. Ces candidats à l'immigration clandestine avaient pris la mer à bord de trois embarcations sur une plage dans la région de Nador (Maroc). Ils avaient déboursé entre 1000 et 2000 euros pour une traversée qui devait s'achever sur les côtes d'Almeria-ville, située en Andalousie (Espagne). Rappelons que parmi la dizaine de Marocains rescapés, figurait un sexagénaire de la région de Hoceïna (Maroc) qui a déclaré: «Nous avions l'intention de fuir le chômage, la précarité et la pauvreté qui prévalent dans notre pays. Je ferais une autre tentative dès que je serais prêt financièrement», avant d'ajouter pour répondre à notre question: «Les autorités marocaines savent qu'il existe une multitude de réseaux spécialisés dans ce genre d'entreprise, mais elles ferment les yeux pour des raisons faciles à deviner». Le cas de celui que les rescapés marocains ont nommément cité «El Hadj Hoceïna» connu dans la région portant son nom et à la tête d'un véritable réseau, n'a jamais été inquiété.