Les arrêts de bus deviennent le pôle d'attraction des poseurs de bombes. Une bombe a explosé, hier, tôt dans la matinée (8h30), à Rouiba, à un arrêt de bus menant vers les directions sud de la ville (Khemis El-Khechna, Meftah, Hammadi, etc.). Selon des témoins oculaires interrogés près de l'endroit, c'est dans une cafétéria que s'est produit l'attentat. L'explosion était de faible intensité et a blessé son propre poseur, un homme d'une cinquantaine d'années, qui se tenait debout près de son sac. Une panique s'est aussitôt emparée des voyageurs présents aux arrêts de bus, et le poseur de bombe - victime - a été évacué dans un état critique vers l'hôpital de Rouiba. Par ailleurs et presque à la même heure, une bombe artisanale a été désamorcée au niveau de la rue Mohamed-Chaâbani, à El-Biar, trois minutes avant son explosion. Le sac où était dissimulé l'engin explosif a été déposé près des arrêts de bus, ce qui a attiré l'attention des voyageurs qui ont vite fait d'alerter la police. Par ailleurs, nous avons été informés, tard dans la soirée d'hier, qu'un autre engin explosif, placé dans une bonbonne de gaz, a été découvert et désamorcé au lieu dit «le Rond- point», axe routier entre Bordj El-Bahri et Aïn Taya. Ces trois tentatives d'attentats n'ont, certes, pas fait de victimes ni de dégâts, mais sonnent telle une alarme à prendre au sérieux. L'approche des échéances électorales motive-t-elle ce brusque retour des attentats? Ou alors est-ce à lier avec la grogne sociale que vivent certaines cités, dont Rouiba? Car, ne perdons pas de vue que le jour où a eu lieu l'explosion, un sit-in populaire a été improvisé devant le siège de la daïra (le dixième en moins d'une année), et qui avait contraint à une réunion urgente des autorités locales. Cette brusque poussée de fièvre sociale fait toujours le jeu du terrorisme qui, s'appuyant sur pareils mécontentements, accentue la pression sur les citoyens aux fins de tirer profit du climat ambiant. Cette tendance se vérifie à chaque occasion et s'imbrique dans la logique des choses que le pays vit depuis plusieurs années. A ces événements qu'il faut replacer dans leur contexte sociopolitique, il y a lieu de signaler le recul des assemblées élues, acculées par l'imminence de la fin de leur mandat et marquées par l'échec des missions qui leur furent dévolues. Les deux bombes d'hier, de faible intensité, artisanales, presque rudimentaires, ne sont pas sans rappeler, celle qui avait explosé à l'arrêt de bus de Tafourah, le 20 novembre dernier, et qui avait fait une trentaine de blessés parmi les étudiants, dont une jeune fille devait décéder de ses blessures, quelques jours plus tard. Les arrêts de bus deviennent donc le pôle d'attraction des poseurs de bombes. Cela touche, donc, surtout, le petit peuple. Tout l'enjeu est justement là.