Une bombe, dissimulée dans un cartable, a explosé, hier, à 7 h 45 min, à un arrêt de bus au pont de la Concorde, faisant six blessés, dont une jeune fille sérieusement touchée aux yeux. L'attentat d'hier, le dixième en moins de deux mois, commence à nourrir de vives inquiétudes. La régularité, le rythme et la constance de ces «petits attentats», perpétrés de préférence aux arrêts de bus, commencent à sonner comme autant d'indicateurs d'une imminente et désastreuse déflagration. La bombe d'hier, apparemment de faible intensité et de fabrication rudimentaire, a été placée dans un cartable, selon des sources sur place. C'est vraisemblablement vers 7h 45 min. que la bombe a explosé. L'heure et l'endroit choisis renseignent sur les visées des auteurs et des commanditaires de l'attentat: un arrêt de bus fréquenté principalement par les étudiants de la Concorde. La desserte des bus universitaires y est fréquente, surtout à cette heure de la matinée. L'explosion a fait au moins six blessés, dont cinq ont été évacués vers le centre polyclinique de la Concorde. Selon le médecin du centre, une seule personne en l'occurrence une jeune fille, a été sérieusement blessée au niveau des yeux. Les autres ne souffrent que de légères blessures aux pieds, aux mains ou au thorax, dus aux éclats. Sur le lieu de l'attentat, le mur de clôture séparant le talus de l'autoroute et servant de rampe a été partiellement démoli, et un cratère d'environ 50 cm de diamètre était encore visible. Cette bombe soulève des interrogations à profusion. C'est - au moins - la dixième qui explose dans Alger et sa périphérie immédiate, depuis le début du mois de décembre dernier. Il y a dix jours, trois bombes avaient fait la une de la presse. Deux avaient été désamorcées à Aïn Taya et El-Biar, et une troisième avait explosé à Rouiba. Toutes avaient ciblé les usagers des transports urbains et toutes avaient été déposées au niveau des abribus. Au début du Ramadan, une explosion similaire s'était produite au niveau des arrêts de Tafourah, faisant une vingtaine de blessés, dont une jeune fille devait décéder quelques jours plus tard à la suite de ses blessures. Cette poussée de fièvre risque de marquer un retour à la psychose des attentats à quelques mois des élections. Les arrêts de bus deviennent le pôle d'attraction des poseurs de bombes, et les petites bombes sonnent à chaque fois comme un avertisseur sérieux, un message à saisir au vol, car extrêmement pernicieux et nuisible.