Comme sous l'effet d'une fatalité, le Mali est un pays déchiré par de multiples crises politiques, économiques et intercommunautaires depuis son accession à l'indépendance, en 1960. Il se heurte à une fragilité permanente de ses frontières que les groupes divers traversent à leur guise, d'où une contrainte à assurer une véritable sécurité sur l'ensemble du territoire. L'an dernier, le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK), arrivé au pouvoir en 2013 et réélu en 2018, a dû faire face à une vague de contestation qui a donné naissance à un mouvement populaire hétéroclite d'opposition, devenu le M5-RFP, avec comme principale figure l'imam Mahmoud Dicko, et dont les manifestations, suivies d'affrontements violents avec les forces de l'ordre, a conduit les autorités à lâcher du lest. Pourtant, ce n'est pas la pression du M5-RFP qui est parvenue à faire tomber IBK, même si la revendication principale tournait autour de son départ, mais un coup d'Etat militaire mené par des officiers partisans d'une transition après la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale proche du chef d'Etat déchu. Depuis, sous l'égide de la Cédéao et de l'Union africaine, le pays dispose d'un Conseil de transition et d'un gouvernement civil chargé d'organiser de nouvelles élections «dans un délai raisonnable». L'Algérie a apporté un soutien constant et décisif au Mali pour lui permettre de surmonter une crise aux dimensions multiples qui dure depuis 2012, date à laquelle la situation s'est considérablement dégradée, notamment dans le nord. A cette époque, un coup d'Etat s'est avéré fatal au président Amadou Toumani Touré, remplacé par Dioncounda Traoré pour une phase de transition. Celui-ci en appelle à la France pour aider le Mali à résister à la menace jihadiste. Ainsi, apparut l'opération Serval, remplacée en 2014 par l'opération Barkhane qui compte, à l'heure actuelle 5800 soldats auxquels s'ajoutent les forces déployées par d'autres pays européens et dispose du soutien logistique américain. De nouvelles élections sans incidents notables sont organisées qui voient IBK l'emporter avec 77,6% des voix. Et grâce aux efforts constants et consistants de la diplomatie algérienne, un accord de paix est conclu entre le gouvernement et les groupes rebelles en juin 2015, scellant la mise en oeuvre du Processus d'Alger. Apparaissent alors d'autres défis sécuritaires avec l'émergence de plusieurs groupes terroristes, bénéficiant de relais avec des bandes de trafiquants en tous genres. Les violences terroristes ont gagné le centre du Mali puis des pays voisins, comme le Niger, le Burkina et le Tchad. Actuellement, deux groupes émergent par leur grande nuisance. A l'Ouest, Al-Qaïda agit à travers deux mouvements, celui de Iyad Ag Ghaly et celui de Amadou Koufa, un peul, basé dans la région du Macina. Ces deux factions constituent le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GISM) dont la montée en puissance a culminé en 2020. A l'Est du Mali, dans la fameuse région dite des «trois frontières», émerge un autre groupe qui se revendique proche de Daesh, l'Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS). Pour combattre ces groupes terroristes, outre Barkhane, l'armée malienne dispose du soutien de la Mission des Nations unies devenue, au fil des ans, l'une des plus grosses opérations engagées par l'ONU. L'Union européenne, elle, déploie la task force Takuba tandis que, fin 2017, est venue s'y ajouter la force du G5 Sahel, conjuguant les moyens militaires de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Burkina et du Tchad. Malgré tout ce déploiement, le Mali ploie sous la menace et c'est pourquoi l'Algérie s'efforce, encore et toujours, à enraciner la culture du dialogue et de la réconciliation, comme récemment à Kidal, où, pour la première fois depuis de nombreuses années, une réunion capitale a eu lieu, porteuse de réhabilitation de l'Etat malien et de sa souveraineté reconnue. Cette remarquable avancée de la diplomatie algérienne constitue un pas décisif et la clé majeure de sortie de crise pour le pays frère et voisin.