Devenu un spécialiste des coups tordus diplomatiques en coulisses, et sans cesse en quête de bons vouloirs sonnants et trébuchants pour sa mainmise sur le territoire sahraoui, le Maroc a cherché, tout d'abord, à faire avorter la réunion au sommet du Conseil de paix et sécurité de l'Union Africaine, le 9 mars dernier. Pour cela, il avait multiplié les démarches pressantes et les intox systématiques, aussi bien auprès des dirigeants du Kenya qui accueillait cette importante réunion que du côté du siège de l'organisation, à Addis Abeba. En vain. Présidée par le chef d'Etat kenyan, Uhuru Kenyatta, qui a signifié une fin de non-recevoir à Mohamed VI dont le lobbying intensif pour faire annuler cette rencontre de haut niveau a failli lamentablement, la réunion de Nairobi a tenu toutes ses promesses. Ultime tentative de Rabat, accompagné par Djibouti, le Malawi, le Burundi et le Sénégal, des manoeuvres ont alors été orchestrées afin de vider de sa substance la résolution adoptée par le CPS. Mais le président kenyan et la ministre des Affaires étrangères ont fait échec à ces sordides calculs pour saborder la déclaration. Fort de l'intervention du président Abdelmadjid Tebboune, qui a marqué l'opinion nationale et africaine par sa clarté et, surtout, sa fermeté, tout en présentant la question sahraouie dans sa vérité intangible, ainsi que de celles du président de la RASD, Brahim Ghali, et du président sud-africain Cyril Ramaphosa, la réunion du CPS a signifié clairement au Maroc qu'il s'agit d'un différend entre deux Etats membres de l'UA qui doivent donc appliquer ses principes et négocier, selon les règles du droit international. Avec cette réaffirmation, la résolution du CPS balaie juridiquement la décision de l'ancien président américain Donald Trump sur la prétendue marocanité du Sahara occidental et elle anéantit les prétentions marocaines qui s'y accrochent. Il est significatif, à cet égard, que les 10 autres Etats membres du CPS, dont l'Egypte, n'ont formulé aucune réserve face à cette position qui a conforté la remarquable intervention du président Kenyatta sur cette question. Même la République démocratique du Congo, traditionnellement proche du Maroc, a observé une parfaite neutralité, sachant que le président Felix Tshisekedi a succédé, lors du dernier sommet de l'UA, au président Ramaphosa, à la tête de l'organisation pour 2021. Dans leur communiqué final, les 15 chefs d'Etat membres du Conseil de paix et de sécurité ont donc appelé à un «cessez-le-feu immédiat» au Sahara occidental, tout en recommandant à la troïka de l'UA et à son Envoyé spécial pour le Sahara occidental, l'ancien président mozambicain Joachim Chissano, de «redynamiser le soutien à la médiation dirigée par l'ONU». En outre, il a exhorté le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à procéder, au plus vite, à la nomination d'un Envoyé spécial au Sahara occidental pour conduire la Mission des Nations unies au Sahara occidental (MINURSO) et oeuvrer activement aux efforts de paix selon les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU. Car, pour le CPS, le conflit a impacté négativement les efforts d'intégration régionale dans la région du Maghreb.