Son premier album a été entièrement composé par Matoub Lounès, son cousin et ami. Hamid Matoub s'était décliné à son futur public sous le nom d'artiste de Hamid Ath Lounis. C'était le début d'une belle carrière artistique qui allait finir par imposer Hamid Matoub parmi les meilleurs chanteurs de sa génération et de son style musical, le chaâbi kabyle. Hamid Matoub est le fils du même village que son cousin, le Rebelle: Taourirt Moussa Ouamar dans la région des Ath Douala, laquelle, faut-il le rappeler, est l'une des régions qui a donné le plus d'artistes à la Kabylie à l'instar de Cherif Hamani, Zedek Mouloud, Malika Domrane, Amar Kobbi, Moh Smail, Aldjia, Saïd Khazem... Tout l'environnement familial et régional de Hamid Matoub le prédisposait à devenir le grand artiste qu'il est. Il est issu d'une famille et d'une région d'artistes pétris de talent. Hamid Matoub était encore enfant quand il a commencé à fredonner ses premiers airs, mais aussi à manier petit à petit une guitare fabriquée de manière artisanale. Une guitare à base de bidon d'huile La fameuse guitare conçue à base d'un bidon d'huile, une planche et des fils de pêche. Le cadeau providentiel que Hamid Matoub attendait depuis son enfance finit par lui être offert par son généreux oncle paternel Achour Matoub. Hamid Matoub a 15 ans et il détient désormais l'arme «fatale» et indispensable à son art: le mandole. Le parcours de Hamid Ath Lounis ressemble à bien des égards à celui de son cousin le Rebelle, car tout comme ce dernier, Hamid Matoub commença à se frayer un chemin en se produisant dans les fêtes des villages de Taourirt Moussa et de ses environs. Hamid Matoub se fit vite remarquer par le timbre de sa voix, aussi rauque que celle de Lounès Matoub. Il attira l'attention de son public grâce à sa façon unique d'interpréter les chansons. L'influence de Matoub sur Hamid Ath Lounis a été immense à telle enseigne que dans la majorité de ses productions sur scène, il puisait inlassablement dans le répertoire richissime et atypique du Rebelle. Les mélomanes ont souvent confondu les deux voix quand elles étaient diffusées dans les moyens de transport public en Kabylie. La deuxième influence subie par Hamid Matoub, est celle des grandes figures du chaâbi algérois. L'aide du Rebelle à Hamid Matoub est indéniable, surtout au début du parcours de celui-ci. Musicien talentueux En plus du premier album que le Rebelle lui a composé volontiers, Lounès n'hésitait pas à lui confier la première partie d'une bonne partie des fêtes qu'il animait. Autant d'occasions pour faire sortir de l'anonymat le tout jeune Hamid Matoub qui n'avait pas encore produit sa première cassette. Les encouragements de Lounès à Hamid ont été très précieux car, à l'époque, la chanson kabyle était à son apogée et en dépit de son talent incontestable, il n'était pas du tout évident que Hamid Matoub puisse s'y frayer un chemin facilement. Non seulement Lounès lui composa son tout premier album entièrement, mais il a chanté avec lui en duo pour lui donner un grand coup de pouce. Les six chansons comprises dans cet album avaient fait un tabac à l'instar du célèbre titre: «A tulawin d warac». Nous sommes en 1983 et la chanson kabyle était à son summum avec l'émergence de dizaines de grands artistes qui allaient marquer à jamais plusieurs générations de fans. L'album en question obtint un succès retentissant aussi bien en France chez la communauté kabyle, qu'en Algérie. Depuis la sortie de ce premier album, Hamid Matoub avait produit de nombreuses autres cassettes et CD-Rom. Il avait animé une infinité de spectacles aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Après que le Rebelle lui eût permis de sortir de l'anonymat de fort belle manière, Hamid Matoub vola de ses propres ailes en produisant plus d'une quinzaine d'albums tout au long de sa carrière artistique. Musicien talentueux, c'est lui-même qui a composé toutes ses chansons. Poète très doué, il est l'auteur de l'ensemble des textes qu'il a chantés après le premier album écrit par le Rebelle. Hamid Matoub est un digne héritier du Rebelle qu'il appelle toujours affectueusement: «Lounès-negh».