Programmée pour le 21 avril prochain, la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Sahara occidental devrait être porteuse d'un nouveau souffle pour la prise en charge effective du conflit qui menace la paix et la sécurité dans une région maghrébine déjà en proie aux soubresauts qui agitent le Sahel. On attend beaucoup de cette séance qui intervient alors que les Etats-Unis viennent de signifier, sans fracas mais avec une fermeté manifeste, leur retour en force sur la question, avec l'appel pressant formulé par le secrétaire d'Etat Antony Blinken à l'adresse de Antonio Guterres de relancer la machine onusienne pour imposer des négociations sérieuses entre le Maroc et le Front Polisario, d'une part, et pour nommer un nouveau représentant personnel au Sahara occidental, d'autre part. Ce retour prévisible à la diplomatie traditionnelle qui a longtemps caractérisé la superpuissance signifie, du moins en apparence, une rupture avec la décision de l'ancien président Donald Trump qui avait marchandé la reconnaissance d'une prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental contre la «normalisation» des relations de Rabat avec l'Etat hébreu, relations qui, du reste, ont toujours prospéré, durant de très nombreuses années, les deux pays ayant la même politique expansionniste. La réunion du 21 avril sera d'autant cruciale que le Conseil de sécurité s'est limité, des années durant, à renouveler le mandat, et donc le budget conséquent, de la MINURSO, sans que celle-ci exerce une quelconque mission dans le territoire sahraoui, le royaume marocain l'ayant d'abord assommée puis réduite à la portion congrue, de sorte que les derniers envoyés spéciaux se sont retrouvés désarmés face à ses manoeuvres et coups de boutoir. La dernière réunion de Conseil de sécurité avait eu lieu le 21 décembre, sur insistance de l'Allemagne qui s'alarmait de l'attaque marocaine à El Guerguerat et des innombrables atteintes aux droits de l'homme de la part des forces d'occupation. Fort de la reconnaissance proclamée unilatéralement par Trump et son gendre-conseiller, le royaume marocain s'est cru en mesure d'imposer un passage dans la zone tampon vers la Mauritanie par lequel il comptait acheminer «divers produits» dont le cannabis qui le situe au premier rang des producteurs, dans le monde. Même si elle doit se tenir sur le mode virtuel, pandémie de Covid oblige, la réunion du 21 avril sera décisive pour situer la diplomatie américaine au Sahara occidental. Antonio Guterres a déjà laissé entendre qu'il proposerait son compatriote Luis Amado, ancien MAE portugais, dont on connaît les sympathies pour la thèse marocaine, le nom de l'ancien Premier ministre roumain Petre Roman ayant été écarté pour cette même proximité douteuse. Washington compte, selon de bonnes sources, passer au crible les coûts et les actions de la MINURSO qui a connu maintes agressions documentées du royaume marocain et dont on a bien vu, en novembre, à El Guerguerat qu'elle n'existe que virtuellement. Avec les promesses de Joe Biden qui attache une grande importance aux droits de l'homme et aux principes fondamentaux de la diplomatie américaine, bafoués par Donald Trump, il faut s'attendre à ce que le blocage marocain du dossier sahraoui soit balayé, surtout que l'Union africaine en a fait son cheval de bataille pour en finir avec la dernière colonie dans le continent.