Alors que les mosquées sont rouvertes avec la permission de la tenue des prières des tarawih et pratiquement l'ensemble des lieux publics où l'on se côtoie allègrement depuis quelques semaines sans avoir même à observer le moindres geste de protection encore moins d'assister à une quelconque contamination collective, les salles des fêtes demeurent fermées. Et le paradoxe réside dans le fait que les mariages sont célébrés chaque jour, comme en témoignent ces cortèges nuptiaux, dans des endroits qui ne répondent à aucune mesure sécuritaire d'ordre sanitaire et non homologués pour ce genre de festivités Tout comme la commercialisation des boissons alcoolisées longtemps soumise à l'interdiction, l'activité d'organisation de mariages et autres événements festifs se clochardise à Béjaïa. Même si le problème est d'ordre national, à Béjaïa, les propriétaires des salles des fêtes s'activent, mettant la pression sur les pouvoirs publics afin de libérer cette activité qui est source de revenus directs et indirects à des centaines de familles. Récemment, ils ont saisi les services de sécurité sur l'organisation des mariages de manière clandestine, accusant les pouvoirs publics de «laxisme». « Comment se fait-il que l'on ferme les yeux sur des mariages clandestins et certaines festivités dans les hôtels alors qu'on nous impose une fermeture», s'interroge Fahim Ziani, le propriétaire de la salle des fêtes «Vis la joie». Ironisant, le représentant des exploitants des salles des fêtes demande aux pouvoirs publics de « confiner pendant 10 jours les salles des fêtes pour éradiquer la Covid-19 qui y a trouvé refuge. Ainsi on n'aura même pas besoin de vaccin». La dernière action de protestation des exploitants de cette activité a été collective. Ils s'étaient entendus avec leurs collègues des autres wilayas pour occuper la rue et réclamer la reprise de leur activité, une manière de dire que «la Covid-19 n'est pas domiciliée seulement dans leurs établissements». Des manifestations similaires avaient eu lieu dans de nombreuses wilayas, soutenues par tous les auxiliaires, photographes, DJ, garçons de salle, etc., ainsi que les futurs mariés, mais également les chefs de familles, qui ont rejoint le rassemblement. «Alors que des mariages sont célébrés au noir et des regroupements y sont autorisés, le gouvernement refuse la réouverture des salles qui disposent, pourtant, d'un protocole sanitaire», déplorait-on dans une déclaration rendue publique la veille. Alors que la saison des fêtes prendra son envol après le mois de Ramadhan, les propriétaires des salles des fêtes, restent dans l'expectative. Ils ne savent plus à quel saint se vouer, eux qui bouclent leur première année sans aucun revenu.