Les cours de l'or noir retrouvent des couleurs. Le baril de Brent affichait 64,60 dollars, hier, à13h35 soit un gain de 93 cents par rapport à la séance de la veille. Le pétrole américain gagnait, de son côté, 80 cents à 60,80 dollars. C'était plutôt inespéré, inattendu, la conjoncture ne lui étant pas favorable. Le marché pétrolier était sous la pression des discussions indirectes qui ont débuté le 7 avril, à Vienne, en Autriche, entre Téhéran et Washington, à propos du nucléaire iranien, qui pourraient déboucher sur la levée de l'embargo américain sur le pétrole iranien. Une épée de Damoclès à laquelle s'est greffée la pandémie de Covid-19 qui plombe des pays gros consommateurs, rouages incontestables de la relance, à l'instar de l'Inde. Un pays «crucial pour la reprise de la demande» de brut, soulignera l'analyste de PVM Stephen Brennock, qui était le troisième plus grand consommateur de pétrole et de produits pétroliers, après les Etats-Unis et la Chine, en 2019. Il faut rappeler aussi que le marché de l'or noir a eu du mal à digérer la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses alliés qui ont décidé de mettre 350.000 barils par jour supplémentaires sur le marché, en mai et juin, puis 441.000 barils en juillet. C'est apparemment fait. Quels facteurs ont bien pu inverser la donne? La marche en avant des prix est vraisemblablement soutenue par des perspectives beaucoup plus optimistes qu'annoncées. La hausse de la demande mondiale est, en effet, revue à la hausse, par l'Opep et l'AIE. Le rebond mondial de la demande de brut est désormais attendu à 6 millions de barils par jour (mb/j) cette année, une révision à la hausse de 0,1 mb/j par rapport au mois dernier, a indiqué l'Organisation des pays producteurs de pétrole dans son rapport mensuel. «La demande de pétrole au second semestre devrait être influencée positivement par un rebond économique plus important que prévu le mois dernier, soutenu par des programmes de relance et un assouplissement des restrictions contre la Covid-19, sur fond d'accélération du déploiement de la vaccination», notent les experts de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Ces perspectives haussières concernent, toutefois, essentiellement les pays développés de l'Ocde et feront suite à un premier semestre encore peu dynamique, précisent les rédacteurs du document. Des prévisions confortées par l'AIE. Les fondamentaux du marché pétrolier sont désormais «plus solides», a estimé, hier, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui revoit à la hausse ses prévisions de la demande, pour 2021. «Les fondamentaux semblent décidément plus solides», un an après la chute du marché pétrolier, en raison de la crise sanitaire de la Covid-19, souligne le bras armé énergétique des pays de l'Ocde dans son rapport mensuel, tout en annonçant une hausse de 230 000 barils par jour de demande mondiale pour cette année. La demande devrait, ainsi, croître de 5,7 millions de barils par jour cette année, pour atteindre 96,7 mb/j après une chute historique en 2020. Les cours de l'or noir semblent surtout profiter, dans l'immédiat, des négociations plus difficiles qu'annoncées à propos du dossier du nucléaire iranien. L'Iran a annoncé, mardi, son intention de «commencer à enrichir l'uranium à 60%», niveau qui le rapprocherait d'une capacité d'utilisation militaire, deux jours après le «sabotage» de son usine d'enrichissement de Natanz, que Téhéran impute à Israël, signale-t-on. «Les craintes de représailles iraniennes après l'attaque de son installation de traitement nucléaire, sont susceptibles de soutenir les prix cette semaine», a estimé Jeffrey Halley, analyste de Oanda, ce qui éloigne le retour de 1,7 million de barils par jour sur le marché. La production actuelle iranienne, qui est actuellement de 2,1 millions de barils par jour, s'élevait à quelque 3,8 millions de barils chaque jour, avant que l'embargo n'y soit mis. Un cocktail qui a vraisemblablement fait bondir le baril.