Déprime et inquiétude à Rabat. L'échange téléphonique qu'a eu jeudi dernier, le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum, avec son homologue américain, Antony Blinken continue encore de faire des remous au niveau du Makhzen affolé par ce rapprochement entre Alger et Washington. Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a souligné lors de cet échange téléphonique, le rôle de l'Algérie dans la promotion de la stabilité au Sahel et en Libye, saluant, par ailleurs, ses efforts consentis dans la diversification économique et énergétique. Dans un entretien téléphonique avec le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, «le secrétaire d'Etat a exprimé son appréciation du rôle de l'Algérie dans la promotion de la stabilité au Sahel et en Libye et salué ses efforts dans la diversification économique et énergétique et sa volonté d'attirer davantage d'entreprises américaines en Algérie», a indiqué le porte-parole du département d'Etat, Ned Price. Le même responsable a également noté que «les Etats-Unis se réjouissaient d'être l'invité d'honneur de la Foire commerciale internationale 2022 de l'Algérie», ajoutant que «les deux responsables ont réaffirmé la solidité du partenariat américano-algérien». Boukadoum et son homologue américain ont abordé «le renforcement des relations bilatérales fondées sur des valeurs partagées et des intérêts communs», a ajouté Ned Price. Ils ont discuté, également «des possibilités d'accroître la coopération en Afrique pour promouvoir la prospérité économique et la stabilité régionale», a-t-il précisé. Les deux parties ont également échangé leurs vues sur des questions régionales d'intérêt commun, au Mali et en Libye, selon Boukadoum. Mais ce n'est pas tant le rôle de l'Algérie dans la région reconnu par les Américains, ni la question libyenne qui dérange le Maroc. C'est parce que et surtout la question du Sahara occidental a été au coeur des discussions entre les deux chefs de la diplomatie algérien et américain. Cela a suffi pour créer de l'agitation au coeur du Makhzen qui actionne le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Ce dernier, participera le 6 mai prochain à une conférence organisée par l'Américan israel publics affaires committee (Aipac). Bourita ne va pas disserter sur la géostratégie mondiale, mais sa participation à cette conférence n'est en réalité qu'un alibi pour se rapprocher et capter au mieux la sympathie de ce puissant lobby pro-israélien en Amérique. Bourita participera à ce groupe de pression dans l'espoir d'infléchir la position de l'administration Biden et de l'amener à adopter la même position que son prédécesseur Donald Trump qui a reconnu la souveraineté du Maroc sur les territoires sahraouis. Y parviendra-il face à une administration qui n'a pas du tout la même vision que Trump sur le dossier sahraoui? L'appel lancé, il y a quelques jours, par l'ambassadeur américain au Conseil de sécurité de l'ONU pour la reprise des négociations entre le Maroc et le Front Polisario a eu l'effet d'une bombe au Palais royal. Une deuxième déflagration est venue s'ajouter à la première puisque le même diplomate américain a exhorté le secrétaire général de l'ONU à accélérer la nomination d'un envoyé spécial pour le Sahara occidental. Sitôt dit sitôt fait. Le secrétaire général de l'ONU a, en effet, proposé le nom du suédois Staffan de Mistura, nouvel émissaire des Nations unies pour le Sahara occidental, en remplacement de l'Allemand, Horst Kohler, qui a démissionné de ce poste en 2019. Ces déclarations du diplomate américain à l'ONU ajoutées à la réticence de l'administration Biden sur le dossier sahraoui sont autant d'éléments qui affolent le Makhzen au plus haut point. Que faire? sinon actionner ses relais à Washington? Selon un site Web américain spécialiste dans l'analyse politique, Jewish Insider, Rabat conditionne la qualité de ses relations diplomatiques avec la décision que prendra l'administration américaine sur le Sahara occidental. Menacant, ce site proche du Makhzen, va jusqu'à soutenir dans le cas où Biden annule la décision de son prédécesseur sur le Sahara occidental, le Maroc pourrait à nouveau interrompre ses relations diplomatiques avec Israël.