Ils ont été remis, hier, aux autorités américaines qui décideront désormais de leur sort. Malgré les rudes affrontements près de la prison de Sarajevo avec les forces de police bosniaque, des centaines de manifestants arabes venus soutenir les cinq présumés terroristes algériens, en l'occurrence, Saber Lamer 33 ans, Boumediene Lakhder (35), Boudella Hedz, Moustfa Aït Idir (32), et Ben Sayah (40), n'ont pu empêcher la police croato-musulmane de les remettre aux mains des militaires américains. Washington envisagerait, selon des militaires américains, de les transférer dans sa base à Cuba où sont détenus plusieurs centaines de prisonniers taliban. Il convient de rappeler que des émissaires bosniaques ont fait un bref séjour à Alger probablement pour discuter une éventuelle extradition vers l'Algérie de ces cinq Algériens, détenteurs de passeports bosniaques. La décision de les livrer aux américains sous-entendrait que le gouvernement algérien n'était pas intéressé par leur extradition vers leur pays d'origine. Les autorités bosniaques ont subi des pressions internes de la part des musulmans, notamment les Arabo-Bosniaques fortement implantés dans le pays à peine sorti de la guerre à laquelle beaucoup d'Arabes ont pris part, puis s'y sont installés. Rapidement, la pression de la rue a été concrétisée par la manifestation d'hier. Il s'agissait, initialement, d'une mise en liberté. C'est d'ailleurs la Cour suprême bosniaque qui en avait décidé. Selon elle, «les preuves présentées contre eux étaient insuffisantes pour une détention plus longue», mais il n'y avait aucun doute que, convaincus de leur implication avec les réseaux d'Al-Qaîda, les Américains étaient sur place pour les appréhender. Le porte-parole du commandement américain en Europe avait déclaré, hier, que les cinq détenus algériens ainsi qu'un Yéménite arrêté dans le cadre de la même affaire en octobre dernier, «sont soupçonnés d'être des terroristes et ont été transférés en lieu sûr (...) ; nous ne parlerons pas de l'endroit où ils sont pour des raisons sécuritaires», a-t-il conclu. Les autorités américaines se sont intéressées à ces Algériens qui travaillaient pour une organisation humanitaire musulmane, suite à des écoutes téléphoniques au cours desquelles un des cinq prévenus est entré en contact avec un officier proche de Ben Laden. L'ambassade américaine à Sarajevo avait déclaré que les personnes en question préparaient des attentats contre des intérêts américains en Bosnie, notamment leur représentation diplomatique à Sarajevo. Tout de suite après, la police bosniaque les avait arrêtés. La justice bosniaque a exigé, depuis, des preuves les incriminant de la part des Américains, mais Washington n'a, jusqu'à présent, rien avancé de concret. Prisonniers ou détenus, le statut des cinq Algériens de Bosnie sera-t-il aussi confus que celui des détenus taliban? Le statut de tous les détenus de Guantanamo continue de susciter déjà moult polémiques entre la Croix-Rouge internationale et l'Administration américaine. L'octroi du statut de prisonnier de guerre obligerait les Américains à se comporter avec les prisonniers taliban en tant que prisonniers de guerre. Autrement, les détenus seront protégés par les conventions internationales et ils ne seront pas contraints de répondre à la question : pourquoi sont-ils en guerre ? Des sources affirment que, hormis les cinq Algériens de Sarajevo, il y en a plusieurs autres parmi les prisonniers d'Al-Qaîda appréhendés en Afghanistan.