Cette mesure «exprime le souci constant du chef de l´Etat de préserver, consolider et renforcer la liberté de la presse». Des mesures de grâce ont été décidées hier par le président de la République au profit des journaliste condamnés définitivement. Ainsi, le chef de l'Etat a décidé d' «une remise totale des peines prononcées à l´encontre des journalistes condamnés pour outrage à fonctionnaire, offense au président de la République, outrage à corps constitués, diffamation et injure», souligne un communiqué de la présidence de la République rendu public hier. Cette grâce, poursuit le communiqué, «exprime le souci constant du chef de l´Etat de préserver, consolider et renforcer la liberté de la presse». La même source souligne que cette mesure «est un gage supplémentaire pour la sauvegarde des droits et des libertés dans notre pays, sauvegarde à laquelle contribue grandement la presse nationale». Intervenant à la veille de la journée mondiale pour la liberté de la presse, le geste du président «exprime également l´engagement irrévocable de l´Algérie dans la voie de la démocratie et du pluralisme politique», conclut le communiqué. Par cette mesure de grâce, le pouvoir politique semble donner un gage de bonne volonté quant à sa détermination à améliorer ses relations avec une presse qui passe pour être l'une des plus libres du monde arabe. Une liberté acquise au prix d'un immense sacrifice qui a vu la perte de plus de soixante journalistes et assimilés assassinés par les hordes terroristes. Premier rempart de la démocratie naissante en Algérie, la presse a fait bloc contre la dérive islamiste de la fin des années 80. En tirant la sonnette d'alarme contre la montée de l'intolérance, résultat des premières élections communales pluralistes de l'Algérie indépendante, la presse algérienne a servi de relais efficace pour les forces de progrès qui luttaient contre l'intégrisme islamiste. Durant toute la première moitié de la décennie noire, alors que le processus démocratique était interrompu, c'est à la presse qu'est revenue la mission de garder la «démocratie» sous perfusion. La liberté de ton, le «devoir d'informer» et la résistance permanente aux attaques des forces intégristes ont permis à la société algérienne de se tenir régulièrement informée de ce qui se passe aux quatre coins du pays, dans une conjoncture exceptionnelle où le métier de journaliste était l'un des plus dangereux qui soit en Algérie. Mais faut-il également souligner que la force de «poursuivre le combat» pour la démocratie, les journalistes algériens l'ont eu grâce à une société qui, elle aussi, croyait et croit toujours en l'importance d'une presse libre. Cet attachement de la société à sa presse, on l'aura largement constaté dans l'audience des titres de presse nationaux. En effet, en tirage, les journaux algériens étaient à l'époque déjà, parmi les plus importants de la région. Plus encore, les assassinats et autres intimidations directes n'ont pas empêché la corporation de s'agrandir, avec des dizaines de jeunes recrues qui rejoignaient quotidiennement les titres de presse. La résistance a payé, puisqu'en bout de piste, la démocratie et la modernité ont effectivement vaincu l'obscurantisme intégriste. Cela dit, avec le retour de la sécurité, la nature du «combat» ayant changé, la presse nationale a eu à relever d'autres défis, celui du professionnalisme. Ce n'est manifestement pas une chose aisée, lorsque des facteurs exogènes viennent «parasiter» une profession née dans l'urgence et qui a toujours évolué dans un environnement loin d'être normalisé. Il faut dire qu'en termes de «normalisation» l'Algérie est encore loin du compte. Pour preuve que la manne publicitaire détenue par l'Etat est distribuée «anarchiquement» et d'une façon n'obéissant à aucune norme économique ou professionnelle.