Le Parlement européen (PE) abritera, demain 3 mai, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, une journée « spécial Algérie » organisée par la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Le député européen Francis Wurtz, président du groupe de la gauche unitaire (GUE/NGL), introduira le sujet par un bilan exhaustif sur la situation de la liberté de la presse en Algérie, avant de laisser la place aux témoignages des journalistes Arezki Metref, chroniqueur au Soir d'Algérie et membre du Comité de soutien à Mohamed Benchicou, ainsi qu'à Ghania Hamadou, ex-rédactrice en chef et co-fondatrice du journal Le Matin, dont la présence est, toutefois, à confirmer. Aziouz Mokhtari, journaliste, correspondant du Soir d'Algérie à Bruxelles, sera dans le rôle de modérateur. Le communiqué de la FIJ publié vendredi soir rappelle que « de multiples attaques à l'encontre de la presse algérienne ont eu lieu depuis la réélection du président Abdelaziz Bouteflika, dont le cas le plus flagrant est celui du journaliste et directeur du journal Le Matin, Mohamed Benchicou, en prison depuis deux ans pour des motifs qui ont été dénoncés par l'ensemble des observateurs indépendants ». La fédération constate que « la partialité des juges a depuis largement permis d'appuyer la dérive autoritaire d'un régime qui impose désormais une censure systématique ». Suit la liste des 20 journalistes condamnés à la prison ferme, dont les peines vont de deux mois à un an. Ceux qui ont écopé de peines avec sursis ne sont pas oubliés. Un tableau noir est dressé sur la situation de la liberté de la presse dans notre pays. Les organisateurs de cette journée particulière sur l'Algérie ont hésité depuis le début de l'année à déclencher une campagne permanente de sensibilisation des Européens à ce niveau politique (PE, Commission et gouvernements) parce que ayant cru aux assurances du pouvoir algérien quant à un retour à la raison et au respect des libertés et des droits de l'homme, notamment par la réforme du code de l'information. Des circonstances atténuantes, s'il est permis de s'exprimer ainsi, ont été accordées au pouvoir algérien, eu égard à la lutte internationale contre le terrorisme et au retour de l'Algérie sur la scène internationale. Mais la répétition des atteintes à la liberté de la presse, les procès réguliers pour un rien, la complaisance ahurissante des juges et le climat de « peur » et de censure qui frappe le monde des médias dans notre pays ont fini par pousser les organisations du monde de la presse et les institutions internationales à « lever le moratoire » sur l'Algérie. D'aucuns, journalistes et hommes politiques, vous diront l'admiration qu'ils ont eu pour les « hommes de la plume » algériens durant les années de feu. Admiration qui n'a pas baissé en intensité aujourd'hui. Dommage qu'un si bel idéal, un si beau combat soient écrasés par la bêtise, l'ignorance et... une telle violence, au moment même où les chants de la liberté montent face aux dernières dictatures dans le monde.