Après d'intenses tractations diplomatiques, Israël et le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Ghaza, ont approuvé, jeudi soir, un accord de cessez-le-feu sous médiation égyptienne visant à mettre fin à leur confrontation la plus meurtrière depuis des années. Les rumeurs de trêve ont fusé toute la journée pour aboutir finalement à un accord de cessation des hostilités entré en vigueur dès 02h00 locales vendredi (23h00 GMT jeudi), après une dizaine de jours d'affrontements ayant fait au moins 232 morts côté palestinien et 12 morts en Israël.,Cet accord a été favorisé par l'Egypte, pays entretenant à la fois des relations avec Israël et le Hamas, l'Union européenne et les Etats-Unis. Quelque 90 minutes avant l'entrée en vigueur de cette trêve, des habitants de la bande de Ghaza faisaient toujours état de bombardements et des sirènes d'alarme prévenaient toujours des habitants du sud d'Israël de tirs de roquettes. «Le cabinet (de sécurité) a accepté à l'unanimité la recommandation de l'ensemble des responsables sécuritaires (...) d'accepter l'initiative égyptienne de cessez-le-feu bilatéral sans condition», a indiqué le bureau du Premier ministre israélien au terme d'une rencontre avec l'état-major de l'armée et des services de renseignement. Dans la foulée, le Hamas et le Jihad islamique -autre groupe armé palestinien de Ghaza- ont confirmé l'entrée en vigueur de cette trêve annoncée après plus de dix jours d'affrontements sanglants avec Israël. «Nous avons été informés par les frères égyptiens qu'un accord avait été conclu pour un cessez-le-feu bilatéral et simultané dans la bande de Ghaza, à partir de 02h00 du matin», a déclaré le bureau politique du Hamas dans un communiqué. «La résistance palestinienne respectera cet accord aussi longtemps que l'occupation le respectera», a-t-il poursuivi. Le Hamas avait riposté aux hostilités le 10 mai en tirant des salves de roquettes vers l'entité sioniste, en «solidarité» avec les centaines de Palestiniens blessés lors d'affrontements avec la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées à El Qods, troisième lieu saint de l'islam. Aussitôt, l'Etat hébreu a lancé une opération visant à «réduire» les capacités militaires du Hamas en multipliant les frappes aériennes contre l'enclave aux deux millions d'habitants, sous blocus israélien depuis presque 15 ans. De leurs côtés, le Hamas et le Jihad ont lancé plus de 4.300 roquettes vers Israël, des tirs d'une intensité inégalée contre l'Etat hébreu, dont le bouclier antimissile n'a pas suffi à parer à un grand nombre de ces projectiles. Les raids ont fait au moins 232 morts côté palestinien, dont 65 enfants tandis que les roquettes ont entraîné 12 morts côté israéliens dont un enfant, une adolescente et un soldat. Jeudi, avant l'annonce de la trêve, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait estimé que la situation était «inacceptable» et il avait appelé à ce que les raids cessent «immédiatement». Après trois guerres en une décennie, le Hamas et Israël s'étaient entendus en 2018 sur une trêve visant à stabiliser mais aussi développer Ghaza, territoire aux infrastructures balbutiantes et miné par un chômage endémique, grâce à une médiation de l'ONU, de l'Egypte et du Qatar, émirat du Golfe proche de la mouvance des Frères musulmans dont est issu le Hamas. En coulisses, ces trois acteurs ont multiplié les pourparlers jeudi afin d'en arriver à cet accord de trêve. Aux termes du récent accord, «deux délégations égyptiennes seront envoyées à Tel-Aviv et dans les Territoires palestiniens pour surveiller la mise en oeuvre (du cessez-le-feu) et le processus pour maintenir des conditions stables de manière permanente», ont déclaré au Caire des sources diplomatiques égyptiennes. Quelques heures avant l'annonce de ce cessez-le-feu, les frappes israéliennes s'étaient intensifiées sur l'enclave palestinienne, faisant monter des nuages de fumée et de débris dans le ciel, tandis que des ambulances filaient à travers l'enclave. En fin d'après-midi, un nouveau barrage de roquettes avait visé le sud d'Israël poussant des habitants à se réfugier dans des abris anti-bombes. La Croix-Rouge avait estimé que les populations à Ghaza et en Israël avaient un «besoin urgent de répit», ajoutant avoir informé Israël et le Hamas qu'à partir de jeudi son personnel se déplacerait pour y «apporter une réponse». «Les deux parties ont une responsabilité claire de nous faciliter de tels mouvements», avait-elle indiqué. Malgré cet accord de trêve, les regards restent tournés vers la Cisjordanie occupée mais aussi Israël. Depuis le lancement des hostilités armées, des émeutes et des affrontements avec les forces israéliennes ont éclaté dans de nombreuses villes et camps palestiniens de Cisjordanie faisant plus de 25 morts, pire bilan depuis des années dans ce territoire. Et des Arabes israéliens -descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d'Israël en 1948- ont manifesté, fermé leur commerce ou été au coeur d'émeutes, en disant souffrir de «discrimination». Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rendra au Moyen-Orient «dans les prochains jours», a annoncé jeudi le département d'Etat. Il rencontrera ses homologues «israélien, palestinien et régionaux» pour «travailler ensemble à la construction d'un avenir meilleur pour les Israéliens et les Palestiniens», a indiqué le département d'Etat.