Dans le sillage des évènements qui secouent le Mali, depuis lundi dernier, avec l'arrestation du président de la transition, Bah N'daw, et de son Premier ministre, Moctar Ouane, par des militaires sur ordre du président de la transition le colonel Goïta, le Conseil de Sécurité de l'ONU a tenu à huis clos, hier soir, une réunion convoquée en urgence et par visioconférence par la France et le groupe A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines). L'instance onusienne a été informée des tout derniers développements par le nouveau représentant spécial et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée de l'ONU pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), El-Ghassim Wane, dont c'était le premier briefing sur une situation explosive dans ce pays sahélien, par ailleurs confronté, depuis de nombreuses années, à une crise multidimensionnelle, socio-économique, politique mais surtout sécuritaire, avec la montée en puissance des groupes terroristes qui imposent leur diktat au nord et au centre du pays, malgré la présence de plusieurs forces étrangères et des Casques bleus de l'ONU. L'envoyé spécial onusien a informé le Conseil de sécurité de l'évolution de la situation, d'heure en heure, et il a explicité la déclaration conjointe du Comité de suivi de la transition sur la nécessité de rétablir les dispositions transitoires au Mali, sous une direction civile. Porte-plume des résolutions sur le Mali au sein du Conseil, la France a soumis une résolution dans laquelle elle reprend les termes de la déclaration déjà publiée quant au rejet du coup de force et à l'exigence d'une libération immédiate et inconditionnelle des dirigeants arrêtés. Il semble que ce sera là le consensus minimal autour duquel l'ensemble des pays membres du Conseil de Sécurité devraient sceller une entente qui se voudra exemplaire. Suffira-t-elle à changer la donne sur le terrain, là est toute la question, dès lors que le vice-président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a indiqué, mardi dernier, avoir «déchargé de leurs prérogatives» le président et le Premier ministre de transition, après les avoir formellement accusés d'avoir «violé la charte de la transition». A la faveur d'une déclaration lue à la télévision malienne, les militaires ont, en effet, reproché à Bah N'daw et à Moctar Ouane d'avoir formé un nouveau gouvernement sans se concerter au préalable avec le colonel Goïta, bien qu'il soit en charge de la Défense et de la Sécurité, des postes stratégiques en ces temps de turbulence dont est tributaire le Mali. Les assurances que donne Assimi Goïta en affirmant que «le processus de transition suivra son cours normal et que les élections prévues se tiendront courant 2022» ne manqueront pas d'alerter, voire d'inquiéter le Conseil de Sécurité de l'ONU, la formule étant suffisamment équivoque par rapport aux engagements pris avec l'UA, la Cédéao et l'ONU sur la durée de la transition limitée à 18 mois. L'Algérie, cheffe de file de la médiation internationale au Mali, a pour sa part exprimé son «ferme rejet» de toute action visant à changer le gouvernement au Mali par la force, et elle a exhorté les dirigeants maliens à privilégier le dialogue pour un déroulement paisible et pacifique de la transition. Gageons que la voie de la sagesse finira, encore une fois, par triompher.