Face au grave déficit pluviométrique qui a considérablement réduit l'offre en eau potable, l'option du dessalement de l'eau de mer devient le premier choix des pouvoirs publics pour gérer au mieux le stress hydrique qui n'épargne aucune région du pays. Le Conseil des ministres d'avant-hier, qui a entendu un exposé présenté par le ministre des Ressources en eau sur «la stratégie nationale de développement des ressources en eau non conventionnelles visant à faire face aux pénuries d'eau» a conclu à la nécessité d'accorder une importance prioritaire à la mobilisation des eaux non conventionnelles. La situation géographique de l'Algérie, qui la place au beau milieu de la zone la plus affectée par les changements climatiques, rend très aléatoire un approvisionnement régulier en eau selon les moyens traditionnels, les barrages, les nappes phréatiques et les sources souterraines qui s'alimentent par les eaux de pluie, n'apportent, désormais, aucune sécurité en matière d'approvisionnement en ce précieux liquide. Semi-aride en passe de devenir aride, l'ensemble du territoire national est confronté à une situation de sécheresse permanente. Les multiples barrages et transferts hydrauliques, réalisés durant les deux dernières décennies, n'auront donc pas suffi à rattraper un déficit devenu chronique. La solution pour les prochaines décennies consistera à ne pas compter sur les complexes hydrauliques existants en considérant les eaux de dessalement comme appoint, mais au contraire, d'inverser l'équation. Le chef de l'Etat est ainsi convaincu de ne plus se résigner à attendre la pluie et «serrer les vis» en cas de sécheresse. La décision de l'Etat est prise et se matérialisera à travers une agence nationale chargée de la supervision de la gestion des stations de dessalement de l'eau de mer, dont la création a été ordonnée par le président de la République. Le chef de l'Etat a choisi de confier cette nouvelle instance gouvernementale, hautement stratégique, au ministère de l'Energie. C'est en effet, ce département ministériel qui a piloté le programme de réalisation des 13 stations de dessalement, lancé dans la foulée de la grave crise de l'eau à l'entame du XXIe siècle. Les usines d'Alger, Oran et ailleurs, réalisées en un temps record, ont permis d'alléger la pression sur les deux principales villes du pays. C'est dire que l'agence en question ne part pas de zéro, puisqu'une expertise et un savoir-faire existent déjà en matière de montage de ce genre de projets. Cela pour le long terme. Concernant la situation actuelle où les pénuries d'eau n'épargnent, aucune région du pays, le chef de l'Etat a donné des instructions pour «la réalisation de nouvelles stations de dessalement de l'eau de mer en tenant compte de la rapidité de réalisation et du choix stratégique des sites». L'opération nécessite certes, du temps, mais il n'existe aucune autre alternative plus rapide, à moins d'activer «toutes les lignes des stations de dessalement de l'eau de mer», comme l'a d'ailleurs ordonné le président de la République, dans la perspective immédiate «d'augmenter les réserves en eau», rapporte le communiqué du Conseil des ministres. Faut-il souligner à ce propos que l'on a assisté ces dernières années à des pannes au niveau de certaines stations de dessalement qui restaient sans réparation pendant un certain temps. Le rôle de la nouvelle agence sera justement d'éviter ce genre d'événements. En plus de cette mission confiée au ministère de l'Energie, le président Tebboune a instruit le ministre des Ressources en eau à l'effet «d'accorder la priorité absolue aux projets de ressources en eau non conventionnelles afin de renforcer les réserves en eau potable, et rationaliser sa consommation». La ressource non conventionnelle dans ce cas est le recyclage des eaux usées pour les orienter vers l'agriculture et permettre ainsi de dégager des volumes plus importants pour la consommation des ménages. Cette option a également figuré sur l'agenda du «plan de l'eau» déployé durant les années 2 000, mais qui, visiblement n'a pas atteint ses objectifs sur ce point précisément. De nombreuses stations de traitement des eaux usées étaient programmées, mais peu ont été réalisées.