Lors de la traditionnelle conférence de presse qui, généralement, devance de quelques semaines l'événement cinématographique mondial le plus attendu de l'année (6-17 juillet), celui qui, depuis 74 années avait jeté son dévolu sur la ville de Cannes, il y avait immanquablement chaque année cet air de «déjà-vu» qui, pourtant, n'était pas tout à fait dans l'esprit des happy few (jauge limitée oblige) présents jeudi dernier au raout écrit à quatre mains par Thierry Frémaux, le directeur artistique et Pierre Lescure le président de la manifestation cannoise. Mais ce sentiment d'étrangeté, dû essentiellement à la non-tenue, l'an passé du festival, aura tôt fait de s'estomper devant cette corne d'abondance déversée, sans compter presque, par Frémaux. Pour la Compétition on ne lésinera pas sur la vaisselle des grands jours pour faire honneur aux 24 films en lice pour la Palme d'or. À tout seigneur, tout honneur, d'abord les «déjà palmés», au nombre de trois: Nanni Moretti (Palme d'or en 2001, Prix de la mise en scène 1994), Jacques Audiard (Palme d'or en 2015, Grand Prix en 2009 et Prix du scénario en 1996) et enfin Apichatpong Weerasethakul (Palme d'or en 2010). Parmi les «Petits Poucets» aux «bottes des sept lieux» cependant, huit au total, Nabil Ayouch, Ildiko Enyedi, Nadav Lapid, Sean Baker Joachim Lafosse, Mia Hansen-Løve et Julia Ducournau et Juho Kuosmanen. Plus treize autres habitués de la montée des marches: Leos Carax (en ouverture du festival). Asghar Farhadi (Prix du scénario en 2016), Mahamat Saleh Haroun (Prix du jury en 2010), Bruno Dumont (Grand Prix en 1999 et 2006), François Ozon, Catherine Corsini, Paul Verhoeven, Sean Penn, Wes Anderson, Kirill Serebrennikov, Joachim Trier (Ryusuke Hamaguchi, Justin Kurzel. Reste que parmi les absents au radar, nombre d'entre eux sont américains, tels Joël Coen («Macbeth») Paul Thomas Anderson («Soggy Bottoms»). D'une manière générale l'on relèvera le peu de présence anglo-saxonne qui mise de plus en plus sur les festivals proches de la saison des Oscars, comme Venise, Toronto, en sus de l'inconnue que la pandémie aura imposé cette année et qui est censée annuler, pour le moment, toutes les garanties d'un come back sans quarantaine aux Américains de retour de la Croisette. Tout le monde semble donc attendre la visite de Jo Biden en Europe, sous huitaine afin de savoir si la réciprocité sera obtenue en matière de circulation des personnes munies d'un pass sanitaire entre le Vieux Continent et le Nouveau Monde. Enfin et pour ce qui est des inévitables blockbusters, Thierry Frémaux, sans toutefois lever le mystère sur celui qui sera projeté au Cinéma de la plage, et pour stopper net les spéculations en cours dira que «ce ne sera ni le nouveau James Bond, ni Dune de Denis Villeneuve, ni le West Side Story de Steven Spielberg». Concernant «Un Certain Regard», la direction du festival fera part de son désir de revenir à la raison d'être originelle de cette session celui de révélateur de talents et non plus «l'antichambre de la Compétition». Et c'est là que l'on retrouvera, avec plaisir, celle qui fut la muse de Abdel Kechiche, la Française (de père tunisien et de mère algérienne) Hafsia Herzi, qui viendra à Cannes avec son second film «Bonne mère», un puissant sur la pauvreté en France, à Marseille plus exactement. Auquel s'ajouteront 18 longs métrages (dont six premiers films) Nouveauté post-pandémie «Cannes Première» qui accueillera des réalisateurs plus que confirmés qui présenteront leur film hors compétition, huit au total: Andrea Arnold, Arnaud Desplechin Mathieu Amalric Kórnel Mundruczo Hong Sang-soo entre autres... Quant au Brésilo-Algérien Karim Aïnouz, révélé à Cannes justement il y a deux décennies avec «Madame Sata» il reviendra sur la Croisette avec un film documentaire autobiographique «Le marin des montagnes». Compétition (24 films) Annette de Leos Carax - Film d'ouverture Benedetta de Paul Verhoeven Bergman Island de Mia Hansen-Løve France de Bruno Dumont Haut et fort de Nabil Ayouch Tout s'est bien passé de François Ozon Les Intranquilles de Joachim Lafosse The French Dispatch de Wes Anderson Tre Piani de Nanni Moretti Les Olympiades, Paris 13e de Jacques Audiard Lingui de Mahamat Saleh-Haroun Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier Flag Day de Sean Penn Un héros de Asghar Farhadi Memoria d'Apichatpong Weerasethakul La Fièvre de Petrov de Kirill Serebrennikov Titane de Julia Ducournau Red Rocket de Sean Baker La Fracture de Catherine Corsini Le Genou d'Ahed de Nadav Lapid Nitram de Justin Kurzel Compartiment NO.6 de Juho Kuosmanen Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi L'Histoire de ma femme de Ildikó Enyedi Un Certain Regard (18 films) Bonne Mère d'Hafsia Herzi Un monde de Laura Wandel Moneyboys de Yilin Chen Bo The Innocents d'Eskil Vogt La Civil de Teodora Ana Mihal Women Do Cry de Mina Mileva et Vesela Kazakova Great Freedom de Sebastian Meise After Yang de Kogonaga Commitment Hasan de Hasan Semih Kaplanoglu Noche de fuego Tatiana Huezo Lamb de Vladimar Johansson (The Jokers) Delo d'Alexeï Guerman Jr. Blue Bayou de Justin Chon Freda de Gessica Généus Et il y eu un matin de Eran Kolirin Unclenching The Fists de Kira Kovalenko Rehana Maryam Noor de Abdullah Mohammad Saad Gaey Wa'r de Jiazuo Na Hors compétition De son vivant d'Emmanuelle Bercot Emergency Declaration de Jae-Rim Han The Velvet Underground de Todd Haynes Stillwater de Tom McCarthy Aline de Valérie Lemercier Bac Nord de Cédric Jimenez Séances spéciales Cahiers noirs de Shlomi Elkabetz Le marin des montagnes de Karim Aïnouz JFK revisited: Throught the Looking Glass d'Oliver Stone Jane par Charlotte de Charlotte Gainsbourg Baby Yar. Context de Sergei Loznitsa H6 de Yé Yé The Year of The Everlasting Storm de Jafar Panahi, Anthony Chen, Malik Vitthal, Laura Poitras, Dominga Sotomayor, David Lowery et Apichatpong Weerasethakul Séance de minuit Oranges sanguines de Jean-Christophe Meurisse (The Jokers) Cannes Premières Evoltiuon de Kornél Mundruczo Tromperie d'Arnaud Desplechin (Le Pacte, 22 septembre) Cow d'Andrea Arnold Cette musique ne joue pour personne de Samuel Benchetrit (UGC, 1er septembre) Mothering Sunday d'Eva Husson Serre-moi fort de Mathieu Amalric (Gaumont) In Front of Your Face de Hong Sang-soo Val de Ting Poo et Leo Scott