L'Histoire vient encore une fois d'être écornée par les affidés des histoires colportées et tissées par les promoteurs de l'idéologie coloniale et ses historiens ralliés à la cause de la conquête, voire de la nostalgie coloniale même. À ce propos, les guerres tacites et des «batailles rangées» se font à partir de l'instrumentalisation de l'Histoire à des fins politiciennes dont l'étroitesse de la lecture et de l'esprit est intimement liée aux non-dits d'une manipulation des plus sophistiquées de ladite Histoire pour légitimer ou délégitimer un processus historique dont sa trajectoire pourrait servir un intérêt de classe ou de pouvoir politique ou d'une idéologie aux relents expansionnistes et colonialistes. C'est le cas de nos révisionnistes et négationnistes qui reproduisent des prismes et des schèmes déjà triturés à satiété. L'Histoire ne saurait être l'apanage d'une récupération malsaine et vile visant le remodelage d'un paysage politique sur fond d'une «guerre» de mémoire implicite et inavouée. Les historiens, les vrais et ceux qui font de l'événement et de l'analyse historique une science et une connaissance normative, ne se pressent pas dans la mise en place d'une lecture hâtive et d'ordre de manipulation politicienne tendancieuse. L'étude de l'Histoire est tributaire surtout des instruments et des outils scientifiques et méthodologiques en mesure d'approcher tous les aspects de l'événement et dudit processus historique en abordant tous les volets qui ont fait de lui une expression historique du point de vue sociologique, anthropologique et politique. C'est là où la rigueur scientifique pend tout son sens et son objectivité loin des tiraillements idéologiques et des manipulations étroites pour imbiber ladite Histoire dans un sillage qui correspond à un regard réducteur de la portée historique dudit processus. Dans ce sens, on pourrait s'inspirer de nos aînés qui ont vécu cette vague de manipulation sordide et tendancieuse de l'Histoire dans la perspective de faire dans la diversion politique et le révisionnisme le plus dangereux pour favoriser une lecture nihiliste du passé d'une nation et par ricochet faciliter la tâche pour la réduire à sa juste existence «désertique» et dépendante en terme de domination et d'assujettissement. L'historien et patriote anticolonialiste, Mohamed Cherif Sahli, était l'un des pionniers dans ce domaine qui a démystifié l'imposture d'une histoire écrite et révisée par des historiens dont l'appartenance officielle à la structure coloniale est avérée. À ce propos, Mohamed Cherif Sahli disait «qu'à travers l'Histoire de notre vieux pays, chaque fois que le malheur a voulu nous marquer de son sceau, nous avons toujours imprimé à notre destin le chemin de la résistance et celui de l'honneur: c'est ainsi que les appels de la patrie en danger, les messages que nous ont légués nos aînés, que nos grands-mères aimaient à nous conter le soir, au coin du feu sous forme de merveilleuses légendes ont toujours été, chez nous, des fières montagnes des Aurès, aux prestigieuses cimes de Kabylie, des valeureux sommets du Zaccar à ceux du Hoggar, de siècle en siècle, de génération en génération, le credo du peuple, le mot d'ordre des patriotes dans les moments difficiles. C'est cela l'esprit de la lettre du fameux message de Youghourta», a-t-il asséné. Cette lecture historique pétrie d'attachement aux valeurs d'une nation et d'un pays qui a connu les affres de la falsification et de la dépersonnalisation de son Histoire millénaire, a réussi son défi en termes de lutte sur le plan théorique pour s'approprier de l'Histoire en la décolonisant des «vétilles» qui se sont érigées en «vérités» par un establishment colonial qui visait à dépouiller la nation algérienne de sa sève historique et de sa civilisation en dehors des archétypes et des clichés imposés par des officines colonialistes au non de la science et de l'autorité scientifique pour légitimer une domination coloniale somme toute aux antipodes des lois de l'Histoire et de la nature. Un autre message historique émanant de cet érudit de l'Histoire et défenseur de l'algérianité, qui a tiré la sonnette d'alarme à propos de la manipulation idéologique de l'Histoire en soulignant en la matière que «Plus grave encore est la méconnaissance de l'histoire vue à travers le miroir déformant de l'historiographie officielle des conquérants et des colonisateurs. Ceux-ci ne se contentent pas d'imposer leur joug mais s'efforcent de convaincre leurs sujets en leur inculquant un complexe d'infériorité qui a survécu à la décolonisation.» Donc, il s'agit d'un miroir tronqué d'une historiographie officielle d'une force coloniale dominante pour assurer son objectif qui consiste à faire perdurer sa présence et son existence dans les pays dominés et colonisés. Nos révisionnistes et négationnistes sont en train de reproduire cette stratégie démoniaque de l'ancien colonisateur en quête de réhabilitation. C'est dire que la cinquième colonne de la falsification de l'Histoire et de révisionnisme est active aujourd'hui, c'est un agenda établi et savamment préparé dans le cadre de la déstabilisation de cette nation souveraine et jalouse de son indépendance chèrement acquise.