Il fallait s'y attendre. Après une longue période de relâchement et de non-respect des mesures de prévention contre la Covid -19, la situation pandémique se complique aggravant un bilan de contamination qui frôle les 500 cas par 24heures, et 10 décès par jour. Il faut dire que les derniers mois ont été le théâtre d'une grande anarchie, où la distanciation physique et sociale, et le port du masque, sont devenus les grands absents du quotidien des citoyens. À ce sujet, le professeur Riad Mehyaoui, membre du Comité scientifique chargé du suivi et de l'évolution de l'épidémie de Covid-19, a tenu à alerter, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, sur une situation pandémique inquiétante, expliquant que «la recrudescence des contaminations au coronavirus est vraiment alarmante et inquiétante. La sonnette d'alarme doit être tirée et arrêtée cette troisième vague, en amont, avant qu'elle soit catastrophique. On revient à la même configuration du début de la 2e vague, on essaie de se remobiliser afin de donner à tous les citoyens algériens le droit d'être hospitalisés». Le paradoxe est immense, lorsqu' on pense qu'avant la découverte du vaccin, sa production et sa distribution, il représentait la lueur d'espoir attendue par tous et la situation pandémique était l'objet d'une grande prise de conscience et de mobilisation pour stopper le virus, alors qu'il est maintenant disponible, non seulement, il existe une réticence pour cette solution, mais en plus, un grand laisser-aller en matière de prévention s'est installé. Les conséquences sont là, les solutions aussi, du fait que les expériences précédentes nous ont appris qu'hormis le respect des gestes barrières, les mesures strictes de confinement et de mise en quarantaine, ont donné satisfaction, au point de réduire considérablement le nombre de cas de contaminations. À ce titre, le professeur Riad Mehyaoui estime qu'«il faut revenir aux mesures de confinement tel que cela avait été appliqué au début de la pandémie, si on continue à négliger le respect des gestes préventifs», d'autant plus que nombre d'observateurs s'accordent à dire que ce sont particulièrement les rassemblements dans les fêtes et les enterrements, et sur les lieux publics, qui sont les éléments accélérateurs de la contamination, et ce sans parler, de l'ouverture de la saison estivale, synonyme de déplacements, de regroupements, et de relâchement. Cela étant, si les chiffres officiels sont les mêmes que ceux de la 2e vague, les éléments de contamination et de propagation du virus ont changé, notamment avec l'apparition des variants indien et britannique, comme le précise l'invité de la radio. «Les symptômes classiques du virus ont complètement changé. Il est très difficile de les détecter compte tenu du manque de capacités disponibles, mais il est certain que tous les variants sont entrés dans notre pays.» Une situation nouvelle pour les équipes médicales et un nouvel état d'urgence, où les hôpitaux arrivent rapidement à saturation et se trouvent au premier palier de contamination. À ce titre, le professeur Mehyaoui prévient: «Les visites doivent être interdites dans les hôpitaux, vu qu'ils sont devenus un lieu de contamination.» Arguant ses dires, il affirme que plus de 44000 personnes ont été infectées, entre janvier et février 2021, dont 26839 sont venus se faire traiter pour une autre pathologie et se sont retrouvées infectées par la Covid-19. Le coronavirus est, aujourd'hui, la première maladie nosocomiale.» Et d'ajouter: «Le vaccin est le seul moyen de vaincre la Covid-19 et retourner à la vie normale.» Devant cet état de fait et face aux éléments nouveaux de la pandémie, les alternatives sont connues et expérimentées. Il y a lieu de trouver une solution consensuelle, se profilant entre le retour au système de confinement et des mesures de prévention, la généralisation de la vaccination, et avant tout une prise de conscience générale de la gravité de la situation.