Villages assiégés, forêts carbonisées et maisons détruites. Des régions entières offraient un spectacle de désolation, hier, alors que des milliers de pompiers, de jeunes militaires et des volontaires continuent de lutter pour arrêter la course folle des plus destructeurs incendies ayant frappé l'Algérie. En deux jours et trois nuits, ce «corps-à-corps» avec les flammes a emporté 70 victimes. Un lourd bilan qui demeure malheureusement provisoire. Au premier jour qui a enregistré 103 départs de feu dans 17 wilayas, 18 morts, dont 17 à Tizi Ouzou et un à Sétif, ont été déplorés, durant la journée, dans la vague d'incendies. Mais avant la fin de ce jour sinistre et en début de soirée, la terrible nouvelle du décès de 25 militaires à Tizi Ouzou et Béjaïa, lors de leur intervention pour l'extinction des feux, est tombée. Le bilan s'est d'un coup alourdi à 43 décès. Le drame n'était malheureusement qu'à son début et les habitants de dizaines de villages ont passé une seconde nuit à regarder avancer le grand brasier. Terribles vidéos partagées jusqu'au petit matin sur les réseaux sociaux, montrant le cri de détresse lancé par des citoyens en pleurs fuyant l'enfer! Et ce n'est qu'au petit matin, hier, que la liste des victimes a été allongée. Progressivement et à chaque fois que les corps des victimes étaient découverts carbonisés ou que les blessés, grièvement brûlés, succombaient à leurs blessures. Dans la matinée d'hier, le bilan faisait état de 65 morts au niveau national dont 37 civils et 28 militaires. Le même bilan a fait état de 12 militaires blessés qui se trouvent dans un «état grave». Mais comme les feux n'étaient toujours pas maîtrisés et que de nouveaux foyers se sont déclarés, hier, à Béjaïa, cinq nouvelles victimes ont été déplorées dans l'après-midi à Barbacha portant le bilan à 70 morts. D'ailleurs, la Protection civile a estimé, hier, que la situation était «inquiétante» à Béjaïa. Le capitaine Letreche Hakim, chargé de communication de la Protection civile a fait état de pas moins de 67 feux, dont seuls 25 ont été éteints, qui ont été enregistrés mardi, auxquels se sont ajoutés 24 nouveaux foyers dont neuf importants, hier matin. Les localités les plus touchées sont, notamment celles de Boukhlifa, Tichy, Melbou et Barbacha à l'est de la wilaya ainsi que la localité d'Adekar au nord-ouest avec trois feux importants. Et la bataille du feu est loin d'être gagnée puisque le bilan des dernières 24 heures de la Protection civile fait état de 99 départs de feu enregistrés dans 16 wilayas dont principalement Tizi Ouzou, Béjaïa, El Tarf, Jijel, Annaba, Sétif, Skikda et Blida. Mais c'est en Kabylie que le plus grand nombre d'incendies a été enregistré, depuis lundi dernier, avec plus de 116 foyers dont 52 importants et 28 éteints. Les équipes composées de pompiers, militaires et volontaires sont toujours mobilisées sur le terrain tentant d'éteindre ces feux. La liste des victimes, il faut le dire, pourrait donc encore s'allonger surtout que de nombreux appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour retrouver des personnes disparues. Au drame des 70 décès que le pays a enregistré ces dernières 48 heures, il y a aussi d'énormes dégâts recensés. Des villages entiers ont été ravagés par le feu et leurs habitants ont tout perdu: maisons, cheptels et vergers. À cela il faut ajouter les centaines d'hectares de forêts, de broussailles et jeunes arbustes qui ont été dévastés. Pour l'heure, les feux sont toujours vifs. Le bilan du désastre sera connu dans les prochains jours.