C'est un renfort de choix, précieux qui sera décisif, pour gagner cette bataille inégale qui s'est engagée depuis les premiers départs de feu qui ont ravagé, meurtri, les villages de Kabylie. Pièces maîtresses dans la lutte contre les feux de forêt, les canadairs entrent en action. deux bombardiers d'eau ont effectué, jeudi dernier, les premiers largages avec 32 attaques sur trois zones différentes, alors que deux autres, en provenance d'Espagne, étaient attendus, hier et un cinquième, qui décollera de Suisse, doit atterrir aujourd'hui sur le tarmac de l'aéroport d'Alger. Les moyens dont disposaient les citoyens, armés de pelles et de pioches, la réquisition de citernes d'eau en ces temps de pénurie pour tenter de protéger leurs maisons et leurs terres au péril de leurs vies, étaient dérisoires. L'intervention de la Protection civile et des éléments de l'Armée nationale populaire, si précieuse soit-elle, a, malheureusement, montré que l'exceptionnelle mobilisation humaine n'était pas suffisante pour contrer et venir à bout des flammes qui atteignaient des dizaines de mètres de hauteur et en parcouraient des centaines en quelques secondes. Autant dire que ces bataillons d'hommes se sont retrouvés au coeur d'un enfer. C'est David qui affronte Goliath. Y faire face dans pareilles circonstances, c'est s'exposer à une mort certaine, d'autant plus que tous ces jeunes, qui ont montré une bravoure extraordinaire et n'avaient, parfois, entre les mains que des branchages pour circonscrire ces feux ravageurs, étaient porteurs de vêtements inflammables. «Je vois que vous portez des vêtements en textile inflammable avec des baskets de la même matière tout comme les gilets fluorescents ou en matière plastique, nylon, ce qui est très dangereux et facilite les prises de feu sur les corps et fera de vous des torches vivantes.» a constaté un pompier français de Beauvais dans un message qu'il leur a adressé sur Facebook, leur conseillant, entre autres, de privilégier des chaussures en cuir et des vêtements en coton et de se mouiller abondamment. Autant de raisons qui expliquent le nombre élevé de victimes civiles et militaires, en plus de celles qui se sont retrouvées prisonnières des flammes. C'est dire si l'entrée en action des canadairs, cette parade qui vient du ciel, pour prendre à revers ces feux dévastateurs, la fumée étouffante qui s'en dégage, était attendue comme le messie. Quelques heures après leurs dizaines de rotations, le temps de refaire le plein, ils reviennent pour s'abattre sur des foyers en plein massifs forestiers inaccessibles et déverser des milliers de litres d'eau en quelques secondes. D'une longueur de 19,82 m et d'une envergure de 28,60 m, le Canadair est capable d'enmagasiner 6 000 litres d'eau dans ses deux réservoirs en 12 secondes, en effleurant un plan d'eau (mer, rivière, lac, retenue de barrage...) à la vitesse de 110 km/h sur une longueur de 1500 mè-tres. Les «soldats du feu» ont pu pousser un ouf de soulagement. « Vous pouvez poser vos pioches» a crié l'un deux, s'adressant à ses frères de «combat». Des propos qui illustrent l'inégalité de cette lutte contre un des phénomènes les plus redoutés: les incendies. La nécessité de disposer de moyens adaptés, de canadairs notamment, est vital. Des instructions ont été données à l'Armée nationale populaire (ANP) pour «prendre contact avec les compagnies qui vendent des avions bombardiers d'eau», a annoncé, jeudi, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de son discours adressé à la nation.