Telle est la déclaration majeure du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, lors de la conférence de presse tenue hier au Centre International des Conférences (CIC), à Alger. Dans le communiqué qu'il a lu à cette occasion, il a été fait mention de longues années difficiles et de nombreuses dérives du Royaume marocain à l'encontre de notre pays et de ses intérêts, déviances qui ont pleinement justifié la décision prise à dater de ce jour, le Makhzen n'ayant pas apporté les clarifications réclamées par l'Algérie. Le chef de la diplomatie algérienne a, par ailleurs, dénoncé les actes d'espionnage massif et systématique commis par le royaume du Maroc et qui ont ciblé des «citoyens et des responsables algériens, à travers une technologie israélienne», le logiciel espion Pegasus de la société israélienne NSO Group utilisé par les services marocains, en Algérie et ailleurs. Au cours de cette conférence, Ramtane Lamamra a développé, au fil des questions posées par les nombreux intervenants, les principaux axes de l'action diplomatique algérienne sur divers fronts et, notamment dans le monde arabe et en Afrique où son engagement revêt une importance majeure. Mali et Niger au Sahel, Tunisie, Libye et Barrage de la Renaissance à l'origine d'un litige entre l'Egypte et le Soudan, d'une part, et l'Ethiopie, d'autre part, le ballet diplomatique incessant du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a suscité un flot d'interrogations à la hauteur des enjeux auxquels est confrontée la région. Impulsée par le président Abdelmadjid Tebboune, la diplomatie algérienne s'est amplement déployée sur l'ensemble de la scène continentale ainsi qu'au sein de la communauté internationale. Exposant au fur et à mesure les dossiers, tout en les explicitant avec une patiente et méthodique pédagogie, Ramtane Lamamra a évoqué, la stratégie menée auprès de la Tunisie, de la Libye ainsi que dans la zone du Barrage de la Renaissance. S'agissant du Maroc, l'Algérie, a-t-il rappelé, s'est toujours interdit toute ingérence dans les affaires intérieures du pays voisin mais, malgré cela, les actes d'inimitié n'ont jamais cessé, envers notre peuple et notre pays, jusqu'à chercher à l'atteindre physiquement, à travers des groupuscules terroristes au mépris des règles de bon voisinage et du droit international. Quant à la Tunisie et à la Libye, Lamamra dira que leurs dirigeants sont éminemment engagés au bénéfice des intérêts supérieurs de leur peuple et que l'Algérie leur apporte, et apportera toujours, son soutien indéfectible, tout comme elle poursuivra ce soutien à la cause palestinienne, notamment au sein de l'Union africaine. Il a rappelé, à cet effet, que le président de l'Autorité palestinienne, depuis Yasser Arafat à Mahmoud Abbas, a toujours pris la parole, dès l'ouverture des sommets de l'Union africaine, un privilège édifiant quant à l'engagement du continent aux côtés du peuple palestinien. À la question de savoir si un amendement de l'acte fondateur de l'UA n'est pas nécessaire, suite à la tentative d'admission de l'entité sioniste comme membre observateur, Ramtane Lamamra fera observer, à juste titre, que les procédures sont telles et que le rôle des membres fondateurs est de veiller au strict respect des principes édictés dans la charte de l'Union africaine. Quant au dossier libyen, au sujet duquel une prochaine réunion du groupe des pays voisins doit se tenir à Alger, le ministre estime que l'action de la diplomatie algérienne est constante et volontariste, selon les engagements formulés par le chef de l'Etat Abdelmadjid Tebboune, et qu'à cet égard, notre pays n'entend ménager aucun effort pour permettre au peuple libyen frère d'émerger de la crise. En conclusion, il apparaît que la décision majeure de rupture des relations diplomatiques ave le Royaume marocain est amplement justifiée par une «provocation marocaine (qui) a atteint son paroxysme» avec l'appel du délégué du Makhzen à l'ONU, et qui a montré, malgré la retenue dont l'Algérie a fait preuve, que le Royaume marocain, par son silence, «reflète son soutien politique a cette démarche dangereuse et irresponsable».