La campagne électorale pour les élections législatives, régionales et communales du 8 septembre a débuté, jeudi, au Maroc, des scrutins qui vont être déterminants pour l'avenir du parti islamiste marocain, actuellement à la tête de la coalition gouvernementale. Sont prévues les législatives, les régionales et les communales pour lesquelles sont appelés aux urnes 18 millions de Marocains dont le suffrage sera «décisif». Sauf que dans les rues de Rabat, devant les emplacements destinés à accueillir les affiches électorales pour les élections du 8 septembre 2021, il n' y a pas foule, la population étant rongée par les dures conditions socio-économiques qu'aggrave la pandémie de Covid-19. C'est pour la première fois, que les quelque 18 millions de Marocains, dont 46% de femmes, sont appelés à voter le même jour pour élire les 395 députés de la Chambre des représentants et les plus de 31 000 élus communaux et régionaux. Pour cause de pandémie de coronavirus, il n'y aura pas de grands meetings politiques d'autant que les rassemblements de plus de 25 personnes sont interdits. Des formations politiques ont cependant annoncé l'ouverture de leur campagne à la faveur de meetings qui verront le nombre de participants limité. Le Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste modéré) affirme par avance qu'il va remporter les législatives pour la troisième fois, depuis son arrivée aux affaires gouvernementales en 2011, mais sans obtenir à ce jour des ministères de souveraineté. Au début du Printemps arabe, le Royaume marocain avait introduit une nouvelle Constitution pour parer à d'éventuelles difficultés, concédant quelques prérogatives au Parlement et au gouvernement alors que les décisions et les orientations majeures ont continué à relever de la volonté réelle ou supposée du roi Mohamed VI. Deuxième force politique du pays, le Parti authenticité et modernité (PAM), fondé par un conseiller et proche du roi, Fouad Ali El-Himma, en 2008, est censé incarner cette stratégie monarchique et il prétend sortir vainqueur des prochaines élections, même si al Himma en a démissionné en 2011. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), dirigé par le fortuné homme d'affaires, Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture depuis de nombreuses années et réputé proche du cercle monarchique, prétend lui aussi à la victoire, tout comme le parti de l'Istiqlal (PI), dont les médias locaux évaluent positivement les chances. La nouvelle loi électorale, fortement critiquée par le PJD mais promulguée en mars dernier, a modifié le mode de calcul du quota d'élus qui se fera désormais sur la base du nombre d'électeurs inscrits et non pas de votants. Le chef du PJD et du gouvernement, Saad-Eddine El-Othmani, ainsi que le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, Nabil Benabdellah, se sont insurgés, ces derniers temps, chacun de son côté, contre «l'utilisation massive d'argent pour acheter des candidats et des voix». De quoi faire rire l'immuable conseiller du roi et du Makhzen.