L'affaire du cabinet d'audit Andersen, qui a soumissionné pour la privatisation de Sonelgaz et qui est impliqué dans un scandale financier, relance la question sur l'utilité de ces cabinets de consulting finances et de management qui pilotent, en toute liberté, l'économie du pays. Il y a quelques années, une affaire similaire avait éclaté au grand jour mettant en cause l'ACT, un cabinet d'audit parisien au parcours douteux, qui avait été sollicité par les ministres de l'Economie et des Finances de l'époque, MM.Hidouci et Goumeziane. Une consultation financière qui avait conduit à l'époque à l'échec des réformes de l'économie algérienne. Selon un spécialiste, d'autres cabinets d'audit avaient été consultés pour des questions économiques en Algérie. C'est le cas, notamment, du cabinet Ernst et Young qui pilote avec Nera, le projet de la mise en place de la commission de régulation du secteur énergétique et qui a été, au début des années 90, au milieu d'un scandale qui l'a opposé à la grande firme allemande (VW) Volkswagen et qui a poussé le P-DG du grand constructeur allemand à critiquer l'incompétence des consultants d'Ernst et Young, promettant à l'avenir de faire confiance aux cadres internes plutôt qu'aux consultants de ce cabinet d'audit, qui vit plus du lobbying que du travail crédible. Autre exemple révélateur de ce climat d'«affairiste» qui s'installe en Algérie et ce, parfois avec la bénédiction de hauts fonctionnaires. Le projet du ministère de l'Industrie et de la Restructuration qui avait au mois d'août 2001, émis un appel d'offres en vue de s'attacher les services d'un cabinet de conseil en vue de l'aider à élaborer un document politique industriel à l'horizon 2015, au gouvernement Algérien. Le MIR a fait l'impasse sur les cabinets algériens (très sérieux) et choisi un audit étranger pour donner une caution internationale à sa politique industrielle. Ainsi Booz Allen and Hamilton a été sélectionné alors que la logique veut que ce type de document stratégique soit élaboré par des locaux, qui connaissent mieux les rouages du système algérien. Toujours selon ce même spécialiste des questions économiques, le projet de l'Union européenne en direction des PME-PMI (57 millions d'euros) a été confié au cabinet belge IBF, qui se débat actuellement dans d'innombrables problèmes du fait de la faiblesse managériale de l'équipe qui gère l'Unité de gestion du programme (UGP) à Alger. Ce choix de Bruxelles est problématique dans la mesure où un autre cabinet, de meilleure qualité, Thales Consulting (faisant partie du groupe Thales ex-Thomson) avait une meilleure proposition technique et de meilleurs consultants. Mais Bruxelles, par ses choix qui deviennent douteux (comme celui d'Andersen pour la modernisation du secteur financier en Algérie) concourt au retard de redressement de l'économie algérienne. A côté de cette bataille financière et économique entre cabinets de consulting, il y a la discrimination salariale. En effet, un cabinet européen, qui voulait faire partie du quota algérien de l'UGP, aurait proposé à un consultant algérien un salaire mensuel d'environ 2.000 euros, soit six fois moins qu'un consultant européen qui dispose du même nombre d'années d'expérience, mais parfois avec des références académiques moins prestigieuses que les consultants nationaux. Dans cette course aux contrats juteux, où on est obligé d'avoir recours à une véritable assistance technique, nos responsables, souvent mal conseillés, optent pour des cabinets étrangers qui emploient de jeunes consultants inexpérimentés afin de s'occuper des dossiers importants dans le secteur financier, énergétique et industriel, mettant à l'écart, des cabinets de consulting algériens, dont certains membres occupent des fonctions très honorables dans de grandes institutions économiques et financières.