L'activité portuaire risque d'être complètement paralysée aujourd'hui à travers tout le pays. Les travailleurs du port d'Alger vont observer aujourd'hui un arrêt de travail d'une journée pour protester contre le comportement de la tutelle et rejeter le projet de privatisation du secteur. Le mot d'ordre sera également observé à travers tous les ports du pays. Cette décision unanime a été prise, en effet, lors du conseil national du syndicat tenu les 16 et 17 mai dernier au port de Ghazaouet à Oran. Les travailleurs veulent exprimer leur ras-le-bol et leur indignation quant à l'attitude de la tutelle, laquelle les a exclus du dialogue sur le processus de privatisation. Contacté par nos soins, hier, le représentant de la coordination syndicale, M.Driss affirme que «la tutelle n'a pas respecté ses engagements vis-à-vis des travailleurs». «Nous avons conclu le 10 avril dernier un accord avec le ministère des Transports qui porte sur la participation des travailleurs dans les négociations sur le processus de privatisation. La tutelle s'est même engagée à négocier avec nous, mais, malheureusement, rien n'a été fait jusqu´à présent», poursuit le représentant. Ce qui a suscité la colère des travailleurs, explique t-il, c'est que des réunions ont été tenues entre les pouvoirs publics et les responsables des entreprises portuaires sans pour autant faire appel au syndicat. «Nous refusons d'être marginalisés dans une affaire où nous sommes les premiers concernés», lâche notre interlocuteur sur un ton sévère. Il s'agit, bien entendu, de l'avenir des travailleurs qui sont des pères de famille. Ces derniers craignent, en fait, que les conséquences de la privatisation soient néfastes et conduisent à la suppression des centaines de postes d'emploi. Le coordinateur pense qu'il ne faut pas prendre seulement en considération les gains que peut rapporter ce processus, mais il faut également réfléchir aux répercussions. M.Driss affirme que le syndicat avait fait part de ses propositions à la tutelle et qu'ils ont bien discuté ensemble sur tous les points. Le syndicat avait pourtant précisé que «toute initiative doit faire participer le partenaire social, notamment celle qui engage l'avenir des travailleurs et celui de leur entreprise». Pourquoi privatiser des filiales qui sont rentables? s'interroge-t-il. A en croire ses propos, le syndicat ne compte pas baisser les bras pour faire annuler le projet. Il y a lieu de rappeler, que juste après avoir pris acte de la démarche en cours, le conseil du syndicat a exprimé son «refus catégorique de la cession ou de la mise en location des installations du domaine portuaire dont le statut reste inaliénable et incessible». Comme il a également rejeté «l'opération consistant en leur exploitation par des firmes étrangères soi-disant dans le but d'apporter leur savoir-faire. Le port d'Alger dispose de ce savoir grâce à ses cadres et travailleurs». Dans la même déclaration, le conseil du port d'Alger a dénoncé l'ouverture à la concurrence des opérations commerciales dans les domaines de la manutention, acconage, remorquage et containers aux opérateurs étrangers.