Il y a six ans, le monde sportif perdait un de ses plus illustres éducateurs. Akli Sellami, dit Si Ouakli, quittait à jamais sa petite famille et sa grande famille sportive laissant derrière lui un vide irremplaçable. Ses parents, amis et élèves ont tenu à lui rendre hommage, le week-end dernier à El Kseur en organisant un tournoi de football qui a regroupé des équipes composées de joueurs qu'il avait formés de son vivant. Si Ouakli est un nom qui n'est pas étranger à la famille sportive béjaouie en particulier, et nationale en général. Connu pour son esprit généreux, sa discipline et son attachement aux valeurs véritables du sport, si Ouakli a marqué d'une empreinte indélébile le sport à Béjaïa. Son influence était telle qu'aujourd'hui encore ses élèves, amis et parents, parlent de lui au présent et n'en tarissant pas d'éloges tant il fut leur fierté. Joueur dans les années 40 à l'US Béjaïa et au sein de ce que donnera la fusion de l'USB et du CSB, en l'occurrence le MOB actuel, en 1954-1955,Si Ouakli avait commencé à officier comme entraîneur juste après l'indépendance du pays en prenant en charge les petites catégories du MOB, un club qu'il ne quittera qu'à sa mort. Très rapidement, il accédait au palier supérieur des seniors, aidé en cela par sa méthode et son esprit clairvoyant. «C'était un éducateur hors pair», disaient de lui ceux qui l'ont côtoyé en privé ou dans le monde sportif. Ces témoignages d'amis et d'anciens sportifs confirmaient la grandeur de l'homme. Personne ne lui connaissait de tort soit-il adversaire ou partenaire. Né en 1937 à Oued Ghir, Akli Sellami a grandi dans une famille nombreuse de quatre filles et trois garçons. Son frère Si Belkacem, encore vivant, parle de son don disciplinaire. «Il n'a jamais fumé ni bu, etc., prêchant toujours le bien-être physique», raconte-t-il, avant d'ajouter que, «pour lui, le moral est essentiel pour la grandeur d'un homme». Cette morale sera, confirment encore ses amis, son cheval de bataille dans la vie de tous les jours et sur le terrain. Sérieux, dynamique et surtout ambitieux, Si Ouakli s'est donné corps et âme au football au point de négliger sa petite famille de quatre filles. Il considérait les footballeurs qu'il entraînait comme ses propres enfants tant il s'intéressait jusqu'au plus petit détail chez eux. «Il examinait notre comportement dans le bus, les vestiaires et sur le terrain», raconte cet ancien joueur du MOB. C'est dire le militant qu'il était pour son esprit sportif digne de ce nom. Des efforts continuels qui ont été concluants. Des joueurs formés par Si Ouakli parlent avec regrets de son départ prématuré. Outre la formation de grands joueurs à l'image de Baris, Mourad Amara, Si Ouakli était le principal artisan de l'accession du MOB, dit les Crabes, en Régionale. C'était en 1997. Après des études au lycée moderne de Béjaïa, actuellement Ibn Sina, il fut arrêté par l'armée française, le 19 mai 1956, alors qu'il prenait activement part à la grève historique des étudiants algériens. Traduit devant le tribunal militaire, il fut condamné à la prison qu'il ne quittera qu'une année avant l'indépendance. Homme de principes et patriote de haute valeur, il avait rejeté une offre alléchante de l'armée coloniale qui lui proposait de quitter le lycée pour la France. Une proposition qui trouvait sa raison d'être dans les qualités humaines et sportives de l'homme qu'il fut. Après l'indépendance, il intègre la sécurité sociale jusqu'à sa retraite en tant que sous-directeur. Si Ouakli est décédé le 19 avril 2000. Le hasard fera que son enterrement ait lieu le 20 avril, date fort symbolique pour une région qu'il avait tant chérie et honorée par un travail sans relâche dans la formation des générations futures. Khalida Toumi, qui prenait part à une manifestation le jour de son enterrement, s'est arrêtée pour se recueillir à la mémoire de l'homme. Il laissait derrière lui une veuve et cinq filles auxquelles il manque terriblement tout comme sa grande famille sportive à Béjaïa. Ses amis, parents et élèves ont tenu à participer massivement au tournoi de football organisé en hommage à l'homme sportif qu'il fut. Ali Bencheikh, Omar Betrouni, Mahiouz, Mourad Amara et les anciens du MOB, l'OS El Kseur, l'US Oued Amizour étaient tous là, se rappelant aux détails près celui qui fut leur guide dans les premières touches du ballon rond. Repose en paix Si Ouakli, tu as laissé une relève à la hauteur de tes attentes.