Les Ouanoughéens n'arrivent toujours pas à digérer la dégradation continuelle de leurs conditions de vie. Alors que de minuscules localités, constituées tout au plus d'un seul douar, ont été promues, au rang de commune d'Ouanougha, un hameau de près de 10.000 habitants, ne possède même pas un bureau de poste ni une annexe de mairie ni encore moins une salle de soins, en somme, un ensemble de plusieurs villages et patelins oubliés depuis des lustres. Réduits à l'isolement, l'enclavement et le délabrement, ces villages éparpillés et suspendus aux piémonts, en plus de l'éloignement des centres urbains, font face au vide laissé par l'absence quasi-totale des infrastructures de base et des structures de l'Etat. Dans une configuration géographique un peu rude et abrupte, à mi-chemin entre les Issers et Bordj Ménaïel, le hameau se trouve à une dizaine de kilomètres au sud-est de la ville des Issers. Toutefois, ayant souffert pendant la guerre de Libération, en donnant des dizaines de leurs meilleurs fils, les Ouanoughéens n'arrivent toujours pas à digérer la dégradation continuelle de leurs conditions de vie d'autant plus que le sempiternel problème d'alimentation en eau potable, vitale en ces périodes caniculaires, demeure toujours posé aux autorités locales à côté, bien entendu, d'autres doléances, tels le bitumage du tronçon impraticable de la route desservant le village depuis le chef-lieu communal, l'ouverture de pistes et l'aménagement d'aires de jeux. Ainsi, un habitant de cette localité, d'un certain âge, ancien émigré, résumera l'état des lieux en disant avec amertume que «même l'enfer a son enfer ici à Ouanougha». Cela dit, un membre du comité du village nous apprendra que l'une des préoccupations majeures des villageois est la récente fermeture injustifiée de la salle de soins de Ouanougha. Assimilée à une «offense», cette décision «intempestive» des autorités concernées alimente de plus en plus la colère des habitants de Ouanougha. «Pour un simple pansement, une injection, nous sommes obligés de faire 10 km, un trajet qui sépare notre village du plus proche centre de santé», tempête notre interlocuteur. En fait, la salle de soins, opérationnelle depuis 2004, a été fermée en mai 2006, et pour cause, l'APC des Issers l'aurait laissée à l'abandon, affirme toujours notre interlocuteur. Par ailleurs, aussi étrange que cela puisse paraître, nous constatons que le même problème est vécu aussi au centre-ville des Issers, car l'ancien centre de santé de la cité Coopérative, en plein centre-ville, a été transformé en unité de dépistage scolaire (UDS), pour ne pas dire fermé. Enfin, comble de tout, au lieu de maintenir ce centre de proximité jouxtant plusieurs cités, à l'image des 32 Logements-Coopérative, 90 et 60 logements, etc. cette structure a été transférée vers Issers-ville, trois kilomètres plus loin, où existait déjà un centre de santé.