Le 1er décembre 2018, Meng Wanzhou est arrêtée à la demande des autorités américaines lors d'une escale à l'aéroport de Vancouver. La directrice financière de Huawei et fille du fondateur du géant chinois des télécoms est accusée d'avoir menti pour contourner les sanctions américaines contre l'Iran. Ce délit est passible de plus de 30 ans de prison aux Etats-Unis, pays vers lequel elle est menacée d'extradition. Le 11 décembre, un juge ordonne sa libération contre une caution de 10 millions de dollars canadiens (6,5 millions d'euros). Elle est autorisée à vivre dans une de ses villas à Vancouver, mais doit porter un bracelet électronique. La Chine menace Ottawa de «graves conséquences» si sa ressortissante n'est pas libérée. Le 13 décembre 2018, la Chine confirme avoir pris des «mesures coercitives» contre deux Canadiens, arrêtés trois jours plus tôt, qu'elle soupçonne «d'activités menaçant sa sécurité nationale». Il s'agit de Michael Kovrig, ancien diplomate auparavant en poste à Pékin, et du consultant et homme d'affaires Michael Spavor, spécialiste de la Corée du Nord. Ces mesures apparaissent à bon nombre d'observateurs comme une riposte à la détention de Mme Meng. Le 17 mai 2019, la Chine place formellement en état d'arrestation MM. Kovrig et Spavor, plus de cinq mois après leur interpellation. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau qualifie la mesure «d'inacceptable». Le 22 août, les Etats-Unis montent au créneau: le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo évoque une «détention arbitraire». En mai 2020, un tribunal au Canada se prononce pour la poursuite de la procédure judiciaire à l'encontre de Meng Wanzhou en vue d'une extradition vers les Etats-Unis. Cette décision douche les espoirs d'un réchauffement des relations entre le Canada et la Chine. Un mois plus tard, la justice chinoise inculpe formellement MM. Kovrig et Spavor pour «espionnage» et «divulgation de secrets d'Etat». Dans un procès à huis clos, Michael Spavor est condamné en août 2021 à une peine de 11 ans d'emprisonnement, un verdict jugé «absolument inacceptable» par Ottawa. Aucune décision n'avait été annoncée dans le cas de M. Kovrig. Vendredi, le gouvernement américain propose devant un tribunal de New York de «reporter» jusqu'à la fin 2022 les poursuites engagées contre Meng Wanzhou, un accord entériné par la justice. Dans cet accord, Mme Meng reconnaît avoir fait «de fausses déclarations» et «dissimulé la vérité» au cadre de HSBC sur les «activités de Huawei en Iran», selon le ministère de la Justice. Dans la foulée, une juge canadienne clôture la procédure d'extradition lors d'une courte audience devant la Cour suprême à Vancouver et ordonne la remise en liberté de Mme Meng, qui décolle pour la Chine quelques heures après. Justin Trudeau annonce peu de temps après que MM. Kovrig et Spavor avaient «quitté l'espace aérien chinois, en route pour la maison». En Chine, le fait que Mme Meng a reconnu les faits a été effacé d'internet. Les médias d'Etat n'ont pas mentionné la libération des deux Canadiens.