La préservation des postes de travail est l'enjeu de la polémique. Face au programme de privatisation du gouvernement, Louisa Hanoune est presque aujourd'hui la seule à faire de la résistance. En schématisant un peu, on pourrait dire que si Hamid Temmar est M.Privatisation du gouvernement, Louisa Hanoune est bien dans la peau de Mme Secteur public. Après avoir longtemps ramé à contre-courant et prêché dans le désert, le ministre de la Participation peut enfin aligner des chiffres et présenter des bilans qui peuvent faire rougir les députés du Parti des travailleurs à l'APN, alors que l'avantage de Mme Hanoune repose sur le fait qu'elle n'avance pas de chiffres, un flou artistique qui fait bien les choses en politique mais cadre mal avec la rigueur économique. N'empêche! Ce n'est pas du tout un hasard que M.Temmar soit interpellé à l'Assemblée nationale, lors de la séance des questions orales, par un député du PT. Voyons un peu les arguments des uns et des autres. Animant une rencontre avec ses militants à Koléa, le 18 mai passé, Mme Hanoune a jugé inacceptables les récentes décisions de privatisation des fleurons de l'industrie nationale comme Saidal , la Snvi, ainsi que les banques «qui possèdent, assène-t-elle, 17 milliards de dollars de liquidités». Tout comme elle a exprimé son opposition, au cours de la même rencontre, à l'accord d'association avec l'Union européenne, en notant que les pertes financières qu'il a générées pour le Trésor public, un manque à gagner estimé, selon elle, à 20 millions d'euros. Quelques jours plus tôt, au cours d'un rassemblement qu'elle a animé à El Hadjar (Annaba), Mme Hanoune a souligné ses appréhensions quant aux conséquences sociales et économiques pouvant découler de la privatisation des entreprises publiques. Non sans omettre d'envoyer une volée de bois vert à la loi sur les hydrocarbures. Le 4 mai, à Béjaïa, elle a plaidé en faveur de la réhabilitation et la consolidation du secteur étatique, estimant qu'il reste le lieu indiqué pour la création de richesses et l'épanouissement de la classe ouvrière. Appelant à la préservation du tissu industriel national, elle a déclaré que la privatisation est susceptible de générer des effets pervers sur la cohésion et la paix sociale. Pour elle, le système capitaliste est basé sur le profit pour une infime minorité, et donc elle a suggéré de renverser la tendance en privilégiant la solution des renationalisations. A Tlemcen, cette fois, à l'occasion du 1er mai, Mme Hanoune n'y est pas allée avec le dos de la cuillère pour enfoncer le clou en dénonçant la privatisation qui touche certaines entreprises économiques publiques, mettant l'accent sur les effets négatifs de cette opération qui engendre selon elle «une désertification industrielle dans le pays» et s'est interrogée sur le devenir des travailleurs. Répondant aux inquiétudes de Mme Hanoune et du député du PT, Hamid Temmar a déclaré à l'Assemblée populaire nationale que les opérations de privatisation menées depuis juin 2005 ont permis d'effectuer 333 opérations de privatisation et d'engranger près de 91 milliards de dinars et de créer 4000 postes de travail, en soulignant que 70% des entreprises privatisées souffraient d'une crise financière aiguë. Pour le ministre, la concurrence qui caractérise la situation actuelle, depuis l'entrée en vigueur de l'accord d'association algéro-UE, impose l'accélération des privatisations visant essentiellement la préservation des postes de travail et la création d'emplois nouveaux. En revanche, a-t-il martelé, le secteur public a perdu durant l'année 2004 près de 23.000 postes de travail. 18% des entreprises locales ayant été touchées par cette situation, suivies par les industries électriques, 15%, le secteur de l'industrie 13% et enfin le secteur du BTP 12%. Lorsqu'on passe en revue les arguments utilisés respectivement par Mme Hanoune et M.Temmar, on voit que c'est moins l'aspect idéologique que la nécessité de protéger les postes de travail qui est mise en avant.