La nouvelle est devenue officielle, mercredi dernier, lorsque le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a annoncé avoir nommé un vétéran de l'Organisation internationale, l'Italo-Suédois Staffan de Mistura, 74 ans, comme nouvel émissaire pour le conflit au Sahara occidental, le Conseil de sécurité ayant entériné cette proposition. Cet aboutissement intervient après le rejet, depuis mai 2019, lorsque le poste avait été laissé vacant par la démission de l'ancien président allemand Horst Kohler, d'une douzaine de candidats dont onze par le royaume marocain! Parlant anglais, français, allemand, italien, espagnol, suédois et arabe, Staffan de Mistura a notamment été au cours de sa carrière l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie (2014-2018) et le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Irak (2007-2009) et en Afghanistan (2010-2011). Presque aussitôt, les Etats-Unis qui ont fortement pesé sur Rabat en faveur de cette nomination, jugée impérative, se sont exprimés, par la voix du secrétaire d'Etat Antony Blinken qui, dans un communiqué, s'est «félicité» de la nomination du nouvel émissaire. «Nous soutiendrons activement ses efforts pour promouvoir un avenir pacifique et prospère pour le peuple du Sahara occidental et de la région» et pour une «reprise du processus politique», a souligné Blinken sans la moindre référence à une quelconque reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur l'ensemble de ce territoire, en 2020, par l'ex-président américain Donald Trump. Le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric s'est également félicité d'un «signal positif», plus de deux ans après le départ de Hosrt Kohler, épuisé par les manoeuvres et les obstructions systématiques de Rabat et la recherche d'un candidat avec 13 postulants proposés par Antonio Guterres, en vain. Le 13ème candidat était justement Staffan de Mistura, aussitôt rejeté par le royaume du Maroc qui a fini par faire machine arrière tout récemment, cédant à de fortes pressions des Etats-Unis, ce qui va permettre au nouvel émissaire d'entrer en fonction le 1er novembre prochain. Résidant à Bruxelles, c'est donc à partir de cette ville qu'il mènera sa mission tant attendue. Le Front Polisario a affirmé, dans un communiqué, combien il est «impatient de dialoguer» avec l'envoyé spécial de l'ONU «sur la façon dont il compte accomplir sa mission, dans le but de permettre au peuple du Sahara occidental d'exercer son droit légitime et inaliénable à l'autodétermination et l'indépendance». Si certaines parties disent que «Washington a tout intérêt à «rester dans l'ambiguïté», parce que «l'administration Biden ne peut annuler la décision de Trump, sans altérer la relation créée entre le Maroc et Israël», leur discours masque mal une volonté de maintenir le statu quo. Mais les Etats-Unis savent combien il serait difficile de «confirmer la décision» illégale de Trump qui va à l'encontre des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, dont ils sont le porte-plume sur le Sahara occidental. Objet d'une réunion à huis clos, la Minurso verra le renouvellement de son mandat examiné le 27 octobre prochain, probablement pour un an et il appartiendra au Conseil de sécurité de la rétablir dans ses prérogatives initiales, à savoir l'organisation du référendum d'autodétermination que le peuple sahraoui attend depuis trop longtemps!