Elle stigmatise le maintien de l'état d'urgence proclamé depuis 1992. La révision du code de la famille et du code de la nationalité a permis à l'Algérie de gagner quelques bons points dans le rapport 2006 d'Amnesty international, rendu public hier. «Les femmes jouissent désormais des mêmes droits que les hommes en matière de transmission de la nationalité à leurs enfants. Certaines dispositions discriminatoires du code de la famille ont été modifiées. Parmi les changements importants, il y a lieu de citer l'introduction du même âge légal du mariage pour les hommes et les femmes, et l'obligation pour l'époux en cas de divorce de fournir un logement à son ex-épouse si celle-ci a obtenu la garde des enfants mineurs du couple». La nouvelle loi a également abrogé le devoir d'obéissance de la femme envers son mari et introduit l'égalité des droits et des devoirs au sein du couple. «Toutefois, de nombreuses dispositions discriminatoires à l'égard des femmes ont été maintenues, notamment la polygamie et le droit au divorce unilatéral à l'initiative de l'époux. Les dispositions discriminatoires relatives au droit à l'héritage demeuraient également inchangées», lit-on dans le rapport. Par ailleurs, une étude «sans précédent» sur les violences domestiques a été publiée, «ce qui témoigne de la prise de conscience du problème constitué par la violence contre les femmes dans la société algérienne». Menée conjointement par des organes gouvernementaux et non gouvernementaux, cette étude a recensé les facteurs qui favorisent les violences contre les femmes et mis en évidence le besoin d'améliorer la prise en charge des victimes. Excepté ce volet, le rapport annuel d'amnesty international, a brossé un tableau peu reluisant de la situation des droits de l'homme en Algérie. Très critique, le document revient sur les événements qui ont marqué l'année 2005. La situation sécuritaire vient en tête des «préoccupations» de l'ONG internationale, qui souligne «la persistance» de la violence qui a fait, selon le rapport, «quelque 400 morts, dont des dizaines de civils». «Des attaques menées par des groupes armés contre des cibles militaires et, dans une moindre mesure, civiles, ont continué d'être signalées», souligne le rapport. La charte pour la paix, déjà critiquée l'année dernière par cette même ONG, propose des mesures d'exemption de poursuites ou de clémence pour les membres des groupes armés qui se rendent aux autorités. «Bien que les auteurs de certaines exactions graves soient exclus de ces mesures, aucun détail n'a été fourni à propos de la procédure permettant de décider quelles seront les personnes éligibles pour cette exemption», soutient le rapport. Si aucun nouveau cas de «disparition» n'a été signalé au cours de l'année, il reste que «l'on continuait de tout ignorer du sort de milliers d'Algériens disparus au cours des années précédentes», note Amnesty. Le président de cette commission d'enquête sur la disparition «a exclu» publiquement toute poursuite pénale contre les responsables de ces crimes et a proposé le versement d'une indemnisation aux familles, dont beaucoup sont toujours dans une situation économique difficile. De nombreuses familles de «disparus», rapporte Amnesty, craignaient que le versement d'une indemnisation ne remplace les investigations qui n'avaient que trop tardé. Le rapport note aussi que le gouvernement n'a pas répondu à la demande d'effectuer une visite dans le pays, formulée depuis l'année 2000 par le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires. Toujours sur le plan sécuritaire, elle stigmatise le maintien de l'état d'urgence proclamé depuis 1992. Enfin, le rapport a fait état du «très fort mécontentement» dans tout le pays à travers des manifestations, des grèves et des mouvements de protestation violents à propos de problèmes socio-économiques et politiques, notamment la pénurie d'eau, de logements, le chômage ainsi que la gabegie et la corruption des pouvoirs publics, et ce au moment «où le pays connaît une embellie financière due à la hausse du prix du pétrole».