Trois explosions ont endommagé le bureau du président palestinien, dont la vie est, à nouveau, menacée. Après avoir détruit, jeudi et vendredi, la Mouqataâ, QG de l'Autorité palestinienne à Ramallah, l'armée israélienne s'est attaquée à ce qui restait de l'immeuble abritant les bureaux présidentiels. C'est ainsi, qu'hier, trois explosions ont endommagé les bureaux de Yasser Arafat tout en détruisant le local contigu hébergeant le ministère de l'Intérieur. Aujourd'hui, c'est la vie du président palestinien qui est en danger, la sécurité de Yasser Arafat n'étant garantie par aucune force ou autorité internationale. Les Israéliens, en étiquetant de «terroriste» tout Palestinien qui bouge, se donnent ainsi tous les droits, tuant et assassinant des personnes sans avoir à en rendre compte, il est devenu aléatoire pour tout Palestinien de faire le geste quotidien de se déplacer sans encourir de sérieux risques mettant sa vie en danger. Sûr de son impunité, le gouvernement d'Ariel Sharon multiplie les provocations menaçant directement les responsables politiques palestiniens, tous considérés comme «terroristes» ayant eu le tort de lutter pour l'indépendance de leur pays. C'est ainsi que le secrétaire du gouvernement israélien, Gidéon Saar, qui parle de «reddition» des Palestiniens, affirme: «Les objectifs sont clairs: ils consistent à, premièrement, isoler Arafat, deuxièmement, à s'emparer des chefs terroristes recherchés et, troisièmement, à faire payer un prix (aux Palestiniens) pour les derniers attentats.» Le même responsable israélien, répondant à une question de la radio militaire israélienne, n'écartait pas l'éventualité d'un assaut contre les bureaux du président Arafat pour y déloger les «terroristes» qui, selon lui, y ont trouvé refuge. Indiquant: «L'armée sait parfaitement ce qu'elle a à faire et elle recevra, si nécessaire, des instructions de l'échelon politique.» Depuis hier, les chars israéliens, stationnés à dix mètres des bureaux du président Arafat, assiègent la Mouqataâ, isolant le QG palestinien du monde extérieur. Ce dernier, totalement branché sur l'affaire américano-irakienne, laisse les mains libres aux Israéliens qui mettent à profit la situation internationale prévalant pour liquider la résistance palestinienne, assimilée dans son ensemble, au terrorisme. En l'absence d'un sérieux contrepoids, Israël se comporte en maître absolu de toute une région qui lui est ainsi soumise, avec la complicité, il faut bien en convenir, d'une communauté internationale, démissionnaire, incapable de dire le droit des Palestiniens à l'érection de leur Etat indépendant. Les analystes et observateurs conviennent, pourtant, que la sécurité de l'Etat hébreu est conditionnée autant par l'existence de la Palestine, que par le tracé définitif de frontières entre les deux entités israélienne et palestinienne. Aussi, il appartient plus que jamais aux Nations unies d'exiger d'Israël de se conformer au droit international et de se retirer sur la ligne de partage de 1967, comme le commande notamment la résolution 242 de 1967 du Conseil de sécurité de l'ONU. Lors de sa réunion la semaine dernière à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, le quartette (ONU, USA, UE, Russie) avait discuté de la reprise du processus de paix au Proche-Orient, fixant même une date (2005) pour l'édification d'un Etat palestinien. Cependant, ce quatuor est demeuré vague quant à la consistance territoriale du futur Etat palestinien, n'imposant pas, par ailleurs, le préalable du retrait de l'armée israélienne des territoires palestiniens, alors même que l'urgence reste aujourd'hui le retrait d'Israël des villes palestiniennes réoccupées en juin dernier. Les incursions de l'armée israélienne dans les territoires palestiniens des chars et des blindés ont encore envahi ven-dredi Gaza ne constituent guère un gage des dispositions d'Israël à envisager de sa propre initiative la paix, avec les Palestiniens, comme le seul vecteur de la sécurité pour la communauté juive. La situation dans les territoires palestiniens occupés se dégrade dangereusement, d'autant plus que le gouvernement d'Ariel Sharon ne cache plus ses intentions consistant à solutionner le conflit proche-oriental par la liquidation physique de tous les résistants palestiniens, quelle que soit leur position sur l'échiquier politique palestinien. N'est-ce pas l'Autorité palestinienne qui, reconnue comme telle par la communauté internationale, n'est, selon les Israéliens, qu'un repaire de «terroristes». Aujourd'hui après les derniers développements, c'est la vie même du président Arafat qui est de plus en plus exposée au danger. Faudrait-il l'assassinat, ou la mort provoquée de Yasser Arafat, pour que la communauté internationale et les Nations unies prennent enfin leurs responsabilités, pleines et entières, vis-à-vis du dossier du Proche-Orient Le président Arafat est en danger de mort, il est urgent que les Nations unies agissent et réagissent.