Les milliards ne valseront plus. Ils ne passeront plus des poches des entreprises aux caisses de l'état. La Sonatrach et la Sonelgaz vont cesser d'être les vaches à lait du gouvernement. Après avoir fait des hydrocarbures et, notamment du pétrole, la pierre angulaire du développement économique, et de la Sonatrach et de la Sonelgaz, les principaux pourvoyeurs de devises de l'Etat, le gouvernement a décidé de ne plus puiser des caisses de ces deux géants nationaux, y compris des autres entreprises publiques. Dans ses réponses aux questions des membres de la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN), le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmen Benabderrahmane, a révélé que l'Etat a décidé de renoncer aux bénéfices de Sonatrach et Sonelgaz et d'autres entreprises publiques. Une décision à même de leur permettre d'investir leurs bénéfices dans leurs domaines de travail respectifs et d'étendre leurs activités, a-t-il avancé: «Il est primordial de permettre à ces deux entreprises publiques de pouvoir faire des investissements structurants afin de demeurer compétitifs et de créer de la richesse et des emplois pour le pays», a justifié le Premier ministre. Un argument économique de taille. En outre, Benabderrahmane a souligné que le gouvernement «n'a pas et n'aura pas recours à la planche à billets ou à l'emprunt extérieur». Question à deux sous: d'où l'Etat va-t-il puiser les fonds pour financer aussi bien son fonctionnement que les grands projets structurants? Sur ce point, le Premier ministre a laissé entendre que la perte substantielle des ressources financières sera compensée par un recours probable à l'endettement intérieur, ou bien compte-t-il sur les recettes des exportations hors hydrocarbures? Des recettes qui devraient, selon ses prévisions, augmenter de 161,8% pour passer de 1,9 milliard de dollars en 2020 à environ 5 milliards de dollars en 2021, alors que les exportations des hydrocarbures devraient atteindre 32,4 MDS dollars pour la même période, soit l'équivalent des importations estimées à 31,8 milliards de dollars et du déficit budgétaire avoisinant les 30 milliards de dollars. Un déficit budgétaire devant être absorbé, selon le Premier ministre, ministre des Finances, par le Fonds de régulation des recettes (FRR) alimenté par le différentiel entre le prix de référence du baril de pétrole adopté pour la loi de finances 2021, sur la base de 45 dollars le baril et le prix réel du baril, qui tourne actuellement autour de 85 dollars le baril, a précisé le Premier ministre. Un Fonds presque à sec, du fait de la chute des cours du brut sur les marchés mondiaux. À moins que le gouvernement mise sur la récupération du solde des Comptes spéciaux du Trésor (CST) devant être clôturés au plus tard à fin décembre 2022, dans le cadre de la réforme budgétaire visant l'amélioration de la gouvernance et une meilleure maîtrise des finances publiques. Le projet de loi de finances 2022 propose la clôture des comptes d'affectation spéciale intitulés «Fonds de compensation des frais de transport», «Fonds national du logement», «Fonds spécial de solidarité nationale et pension alimentaire», «Fonds national de développement de la pêche et de l'aquaculture», «Fonds national pour la maîtrise de l'énergie et pour les énergies renouvelables et de la cogénération», ainsi que le «Fonds national de soutien de l'investissement pour l'électrification et la distribution publique du gaz». Ainsi, la décision de se passer des quotes-parts sur les bénéfices du groupe pétrolier Sonatrach et du groupe Sonelgaz risque d'avoir des répercussions néfastes. D'ailleurs, les membres de la commission des finances et du budget ont appelé à revoir le système de l'impôt sur le revenu global (IRG) en relevant le plafond d'exonération de cette taxe sur les salaires de 30000 dinars à 50000 dinars pour toucher le plus grand nombre de citoyens. Dans le même contexte, les membres de la commission ont demandé au gouvernement d'oeuvrer à arrêter la baisse de la valeur du dinar par rapport aux monnaies étrangères, étant donné que la valeur de la monnaie nationale est étroitement liée au taux d'inflation et au niveau du pouvoir d'achat.